emeraude GM V.I.P. du forum
Nombre de messages : 5265 Age : 81 Localisation : FRANCE Emploi/loisirs : antiquaires, brocantes, peintures, chevaux Humeur : optimiste Date d'inscription : 10/12/2011
| Sujet: Guerre d'Algérie: Le cinquantenaire discret d'un passé toujours à vif Mer 4 Juil 2012 - 20:06 | |
| Le général Charles de Gaulle, président de la République discute le 30 août 1959 avec des habitants de Zommorah, où il s'est rendu en hélicoptère, après avoir quitté la veille Orléansville et visité plusieurs postes isolés. Rappel chronologique de la guerre d'Algérie. - Spoiler:
1954 1er novembre: proclamation du Front de libération nationale (FLN), qui fixe les objectifs de la lutte armée pour l'indépendance nationale par la restauration de l'Etat algérien souverain. Une vague d'attentats contre les Français en Algérie marque le début de la guerre. 5 novembre: le gouvernement français envoie des renforts militaires en Algérie. 24 novembre : François Mitterrand, alors ministre de l'Intérieur, prône le recours à la force. Décembre: création du Mouvement nationaliste algérien (MNA) de Messali Hadj. Les membres du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD) sont arrêtés. 1955 26 janvier:Jacques Soustelle est nommé gouverneur général d'Algérie. 31 mars: l'état d'urgence est proclamé dans les Aurès et la Grande Kabilie et la censure est instaurée. 18-24 avril: le FLN participe à la conférence du Tiers-monde à Bandoeng. La conférence exprime sa solidarité avec l'Algérie combattante. 16 mai: les effectifs de l'armée française en Algérie sont portés à 100 000 hommes. L'Assemblée générale de l'ONU vote l'inscription de l'affaire algérienne à l'ordre du jour. 20 août: massacres dans le Philippevillois. Le soulèvement de musulmans est sévèrement réprimé, faisant une centaine de morts. 30 août: en raison de l'extension de la rebellion armée, l'état d'urgence est proclamé dans l'ensemble de l'Algérie. 11 septembre: à Paris, première manifestation des appelés du contingent qui refusent de partir en Algérie. Inscription de la question algérienne à la 10e session de l'Assemblée générale de l'ONU. Grève des commerçants à Alger à la veille de l'ouverture de la session de l'ONU. Novembre: création des SAS, Sections administratives spécialisées. 29 décembre: L'Express reproduit des photographies de l'exécution illégale d'un rebelle algérien par un gendarme auxiliaire français, en août 1955. 1956 20 janvier: manifestations violentes à Tlemcen. 2 février: Jacques Soustelle est remplacé par Robert Lacoste. 6 février: Guy Mollet, président du Conseil, est accueilli à Alger par les manifestations d'hostilité des Européens. Il déclare que "la France doit rester en Algérie et elle y restera". 9 mars: manifestations d'Algériens à Paris contre le vote des pouvoirs spéciaux. 11 mars: l'Assemblée nationale vote les pouvoirs spéciaux au gouvernement Guy Mollet. 11 avril: le service militaire est porté à 27 mois, 70 000 "disponibles" du contingent de 1953 sont rappelés. 19 mai: l'Union générale des étudiants musulmans d'Algérie (UGEMA) lance un mot d'ordre de grève pour une durée illimitée, et invite les étudiants et les intellectuels à rejoindre le FLN et l'Armée de libération nationale (ALN). 22 avril: Pierre Mendès-France, ministre d'Etat sans portefeuille, en désaccord avec la politique algérienne du gouvernement, démissionne. 18 mai: en Algérie, 19 appelés français, arrivés depuis seulement une semaine, sont massacrés. 5 juillet: grève générale des Algériens, en France et dans le département d'Alger. 20 août: le congrès du FLN à la Soummam (Kabylie) définit les buts de guerre, fixe les conditions du cessez-le-feu, des négociations de paix et nomme le FLN comme seul et unique représentant du peuple algérien. Septembre: les effectifs militaires sont portés à 600 000 hommes en Algérie. 22 octobre: détournement par les autorités françaises d'un DC-3 de Royal Air Maroc qui transporte plusieurs dirigeants du FLN de Rabat à Tunis. Ben Bella, Aït Ahmed, Boudiaf, Khider et Lacheraf sont faits prisonniers. En représailles, plusieurs dizaines de Français sont tués à Meknès (Maroc). 1er novembre: à l'occasion du deuxième anniversaire du déclenchement de la lutte armée, grève générale massivement suivie dans l'Algérois. Recrudescence du terrorisme en Algérie. Les premiers attentats à la bombe sont perpétrés à Alger par le FLN. En représailles, les civils français procèdent à des ratonnades dans Alger. 2-5 novembre: expédition de Suez. La France et la Grande-Bretagne attaquent l'Egypte, bombardent ses aéroports et les intallations du canal de Suez après l'attaque de l'Egypte par Israël. 15 novembre: l'ONU inscrit la question algérienne à son ordre du jour. 1er-14 décembre: le général Raoul Salan est nommé commandant en chef en Algérie. 5 décembre: le gouvernement français dissout les conseils généraux et les municipalités en Algérie. 27 décembre: assassinat d'Amédée Froger, président de l'association des maires d'Algérie. 1957 7 janvier: la 10e division de parachutistes du général Massu est chargée du maintien de l'ordre à Alger. Début de la bataille d'Alger. Janvier/février: recrudescence d'attentats à la bombe contre des civils et des militaires à Alger. Plus de 30 morts et une centaine de blessés. Fin février: de nombreux dirigeants du FLN sont arrêtés. 26 février: le quotidien L'Humanité publie la lettre d'un soldat français qui dénonce l'utilisation de la torture par l'armée française en Algérie. Un mois plus tard, le général Jacques de La Bollardière demandera à être relevé de son commandement en Algérie pour protester contre la torture. Mars: Larbi Ben M'hidi, à l'origine de la création du FLN, est assassiné par les parachutistes du colonel Bigeard après avoir été torturé. 13 avril: Djamila Bouhired, accusée d'avoir posé une bombe dans un café près de l'université d'Alger, est arrêtée. Torturée, elle signe des aveux. Son avocate, Gisèle Halimi, reçoit le soutien d'intellectuels français comme Simone de Beauvoir, Françoise Sagan... 28 mai: massacre de la population civile du douar Melouza par le FLN. Bilan: 301 morts et 14 blessés. 11 juin: arrestation de Maurice Audin, assistant de la Faculté des sciences d'Alger. 20 septembre: l'ONU inscrit la question algérienne à son ordre du jour. 29 novembre: l'Assemblée nationale vote la loi-cadre et la loi électorale de l'Algérie. Décembre: violents combats dans l'est-Constantinois. Assassinat de Abane Ramdane, principal organisateur du Congrès de la Soummam. 1958 Janvier-mai: bataille du barrage de l'est-Constantinois. 7 janvier: début de l'exploitation du pétrole saharien. 7 février: un avion de chasse est mitraillé depuis Sakh. 8 février: le groupement aérien de Constantine décide, avec l'accord du général Salan, mais sans que le gouvernement français en soit averti, le bombardement de Sakhiet-Sidi-Youssef. L'opération fait 70 morts, dont 21 enfants d'une école. 15 avril: démission du gouvernement Gaillard. Crise ministérielle en France. 26 avril: manifestations à Alger en faveur de l'Algérie française. 30 000 Algérois demandent un Gouvernement de salut public après la chute du gouvernement Gaillard. 9 mai: après l'annonce par le FLN de l'exécution de 3 prisonniers militaires français, vive indignation et nombreuses manifestations à Paris et à Alger. 13 mai: prise du gouvernement général par les Européens à Alger. Un Comité de salut public est créé sous la présidence du général Massu, et on fait appel au général de Gaulle. 14 mai : Salan crie "Vive de Gaulle" à Alger. De Gaulle se déclare prêt à assumer les pouvoirs de la République. 28 mai: grande manifestation pour la défense de la République à Paris, de la place de la Nation à la place de la République. 1er juin: l'Assemblée nationale investit de Gaulle par 339 voix contre 224. 4 juin: dans un discours à Alger, de Gaulle déclare aux européens "Je vous ai compris". 19 septembre: formation du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA). Ferhat Abbas est le premier président du GPR. 28 septembre: la nouvelle Constitution est approuvée par référendum (79% de oui en métropole, 95% en Algérie). Naissance de la Ve république le 5 octobre. 3 octobre: de Gaulle annonce à Constantine un plan de développement en 5 ans pour l'Algérie. 23 octobre: dans une conférence de presse, de Gaulle propose au FLN la paix des braves. 19 décembre: le général Challe et Paul Delouvrier reprennent les fonctions du général Salan. 21 décembre: de Gaulle est élu président de la République. 1959 30 janvier: de Gaulle renouvelle l'offre de paix en Algérie. 6 février: début du plan Challe, basé sur le principe de la pacification, en Oranie. 18 avril: le journal Le Monde divulgue le rapport accablant qu'a présenté Michel Rocard, jeune énarque socialiste, sur les camps de regroupement organisés par l'armée française en Algérie. Michel Debré, alors Premier ministre, dénonce une campagne de dénigrement téléguidée par le parti communiste. 5-12 juillet: opérations "Etincelles" dans le Hodna. Fin juillet: début des opérations "Jumelles" en Grande Kabylie. 27-31 août: première tournée des popotes de de Gaulle en Algérie. "Moi vivant, jamais le drapeau du FLN ne flottera sur l'Algérie". Début septembre: début des opérations "Pierres précieuses" en Petite Kabylie 16 septembre: de Gaulle proclame le droit des Algériens à l'autodétermination par référendum, propose sécession, francisation, association. 28 septembre: le GPRA refuse la proposition de de Gaulle. Il exige l'indépendance totale avant toute discussion. 10 novembre: appel de de Gaulle au cessez-le-feu. 28 novembre: Ben Bella et les dirigeants arrêtés en 1956 sont désignés comme négociateurs par le FLN 1960 19 janvier: le général Massu est muté en métropole pour avoir critiqué la politique du général de Gaulle. 24 janvier: début de la semaine des barricades à Alger. 22 morts et 150 blessés le premier jour. 13 février: explosion de la première bombe atomique française au Sahara 3 - 5 mars: deuxième tournée des "popotes". De Gaulle en Algérie insiste sur la nécessité d'une victoire complète et le droit de la France à rester en Algérie, mais parle d'une "Algérie algérienne liée à la France". Il renouvelle l'offre de négociations. 30 mars: le général Challe est démis de ses fonctions de commandant en chef en Algérie. 9 juin: rencontre entre de Gaulle et Si Salah à l'Elysée. 25/29 juin: entretiens de Melun avec les émissaires du GPRA. Les négociations échouent quand le GPRA se rend compte qu'il s'agit de discuter d'un cessez-le-feu. 5 septembre: discours de de Gaulle. "L'Algérie algérienne est en route". Procès à Paris des membres du "réseau Jeanson" de soutien au FLN. Jean-Paul Sartre envoie une lettre au tribunal. 6 septembre: publication du "Manifeste des 121" sur le droit à l'insoumission en Algérie. Octobre: rafles d'Algériens à Paris et en banlieue 22 novembre: création d'un poste de ministre d'Etat des affaires algériennes, confié à Louis Joxe 23 novembre: départ de Paul Delouvrier, remplacé par Jean Morin, comme délégué général du gouvernement en Algérie. 9/12 décembre: dernier voyage de de Gaulle en Algérie. Manifestations populaires violentes à Alger, pour le soutien au FLN, au GPRA et à l'indépendance de l'Algérie. 20 décembre: les Nations unies reconnaissent à l'Algérie le droit à l'autodétermination. 1961 8 janvier: par référendum, les Français se prononcent à 75% pour le droit à l'autodétermination du peuple algérien. Fin janvier: création de l'Organisation armée secrète (OAS) rassemblant des activistes européens contre l'indépendance de l'Algérie. 20 février: rencontre entre Georges Pompidou et le FLN en Suisse 26 avril: échec du Putsch des généraux à Alger. Dans la nuit du 21 au 22 avril, les généraux Challe, Jouhaud, Zeller et Salan ont tenté de s'emparer du pouvoir. De Gaulle assume les pleins pouvoirs, aux termes de l'article 16 de la Constitution. 20 mai/13 juin: premiers entretiens d'Evian. 14 juillet: recrudescence des attentats de l'OAS. 20 juillet: nouveaux entretiens entre la France et le FLN au château de Lugrin. Les discussions achoppent sur la question du Sahara. 5 août: première émission pirate de l'OAS à Alger. Salan dirige l'OAS. Août/septembre: nombreux attentats du FLN et de l'OAS en Algérie. 5 septembre: de Gaulle admet qu'une Algérie indépendante et associée à la France aura vocation à réclamer le Sahara. 6 octobre: instauration d'un couvre-feu à Paris et en région parisienne pour les seuls Algériens, de 20 h 30 à 5 h 30 du matin, avec fermeture à 19 heures des débits de boissons tenus et fréquentés par les Algériens. 17 octobre: manifestations pacifiques de plusieurs dizaines de milliers d'Algériens dans les rues de Paris. La répression est brutale: des dizaines de morts, des centaines de blessés et plus de 10 000 arrestations. Des corps sont jetés dans la Seine. Automne:attentats de l'OAS en Algérie. Arrivée à Alger des brigades spéciales anti-OAS, les "barbouzes". 19 décembre: la CGT, la CFDT, l'UNEF, le PSU et le PCF organisent en France des manifestations en faveur de la négociation avec l'Algérie et contre l'OAS, qui a procédé les mois précédents à de nombreux attentats et assassinats d'officiers, de commissaires et de juges de la métropole. 1962 Janvier: attentats à Alger et en métropole commis par l'OAS et les anti-OAS. 8 février: manifestation, à l'appel des syndicats et de partis politiques, contre les exactions de l'OAS et pour la paix en Algérie. Violente réaction policière: 8 morts et plus de cent blessés au métro Charonne. 18 février: pourparlers des Rousses (Jura). 7 mars: ouvertures des négociations d'Evian. 16 mars: signature des accords d'Evian. Ils comprennent un accord de cessez-le-feu, applicable le 19 mars à 12 h, et des déclarations publiées par les 2 parties. La version française mentionne des pourparlers avec le FLN, la version algérienne avec le GPRA. Il ne s'agit pas d'un traité entre deux Etats, mais d'un programme commun proposé à la ratification par référendum (le 8 avril 1962 en France et le 1er juillet 1962 en Algérie). 19 mars: annonce officielle du cessez-le-feu en Algérie. 23 mars: insurrection et siège de Bab-el-Oued. 26 mars: à Alger, les troupes françaises ouvrent le feu sur une foule d'Européens qui manifestent contre les accords d'Evian et font 46 morts et 200 blessés. 8 avril: référendum en métropole. 90,7% des votants approuvent les accords d'Evian. 25 mai: réunion du Conseil national de la révolution algérienne (CNRA) à Tripoli 1er juillet : référendum d'autodétermination en Algérie. L'indépendance est approuvée par 99,72 % des votants. 3 juillet: de Gaulle reconnaît l'indépendance de l'Algérie. 5 juillet: proclamation de l'indépendance nationale. Bilan de la guerre: de 300 000 à 500 ou 600 000 morts selon les sources. 1999 5 octobre: le Parlement français adopte une proposition de loi reconnaissant "l'état de guerre en Algérie" dans les années 1950. Il aura fallu près d'un demi-siècle pour requalifier des faits jusque-là définis comme des "événements".
bab el oued (un bastion ) Ailleret avait le feu vert. Les 13 tués et les 75 blessés de la journée, résultat de l'application de la première partie de la directive n° 29 de Salan, lui donnaient tous les droits. Le moment était venu d'utiliser les fameuses réserves qu'il n'avait jamais voulu employer dans la ville. Morin, qui les avait tant réclamées, ne les verrait pas en action. Il avait quitté Alger le jour même, remplacé par Christian Fouchet, nommé haut-commissaire. Bab-el-Oued, encerclé, puis investi, fut soumis au couvre-feu permanent. Les ménagères eurent une heure par jour pour faire leurs courses. A la demande de la Croix-Rouge, des ambulances sillonnèrent le quartier populaire pour emmener les blessés. Elles revinrent bredouilles. Les pieds-noirs conservaient leurs blessés et leurs morts. On ne sut jamais le chiffre exact des pertes civiles du 23 mars 1962. Au bas mot, vingt morts et quatre-vingts blessés. Cinq bataillons des réserves du corps d'armée d'Alger interdirent à quiconque d'entrer ou de sortir de Bab-elOued. Alors commença la grande fouille. Six escadrons de gardes mobiles, deux compagnies de C.R.S., deux bataillons d'infanterie, deux sections de grotte et deux équipes de détection des transmissions, appuyés par deux régiments blindés passèrent le quartier au peigne fin. Pendant le blocus 7148 appartements furent « visités » et 3 309 hommes et adolescents arrêtés et envoyés en centre de transit pour « vérification d'identité ». Pendant quatre jours les gendarmes firent payer en bloc leurs morts du 24 janvier 1960 et ceux des dernières semaines. Derrière leur passage ce ne furent qu'appartements dévastés, postes de télévision enfoncés, armoires brisées, linge répandu. Après le combat, le cataclysme. Les malheureux pieds-noirs, cloîtrés dans les ruines de leur appartement, n'avaient plus le droit de sortir, pas même celui de paraître à leurs fenêtres ou à leurs balcons. Leur quartier jadis si joyeux présentait un aspect lamentable. Trottoirs jonchés d'ordures, voitures écrasées par les chars, fils des trolleys et du téléphone pendant lamentablement sur les façades écaillées par les obus de 37 et les balles de mitrailleuses lourdes. En fait de camp retranché, d'Etat dans l'Etat promis par Achard et l'O.A.S., Bab-el-Oued n'était plus qu'un quartier dévasté par la guerre civile où hommes et femmes, abattus, désespérés, pleuraient leurs morts et le fol espoir perdu. Pour la première fois ils se sentirent réellement abandonnés. Brutalement, le voile s'était déchiré. Tous les mots d'ordre, toutes les images factices, tous les slogans qu'on leur avait jetés en pâture pour masquer la réalité tombaient en poussière. « Nos - frères - musulmans - qui - suivraient - le - plus - fort » étaient là à deux pas, dans la casbah, masse hostile qui entendait elle aussi faire payer ses morts, venger ses fatmas étranglées, ses ouvriers lynchés, ses marchands des quatre-saisons poignardés. « L'armé-qui-ne-nous-quitterait-jamais » n'existait plus. Envolés, la 10' D.P. et ses paras, la légion et ses bérets verts ! Ne restait qu'une armée inconnue à laquelle on avait voulu comme jadis imposer sa loi. Mais cette armée nouvelle avait changé. Elle ne tolérait pas que l'on tue les siens. Elle n'hésitait plus à intervenir. Prompt à l'enthousiasme, Bab-el-Oued ne l'était pas moins au découragement. Ses habitants s'y plongèrent avec une sorte de frénésie. Personne ne trouva grâce à ses yeux. Pas même l'O.A.S. Les Jésus, les tueurs de Jacques Achard, on les avait aperçus au début. Et puis après, pfuitt'... envolés. Les Salan, les Susini, tous les colonels qu'on aimait tant, vous les avez vus, pendant la bataille ? Bab-el-Oued, le centre de la résistance, la ville était brisé. Définitivement. Devant la réalité, les rodomontades d'hier paraissaient bien vaines. On ne le disait pas mais on le pensait. Les Français d'Algérie n'étaient pas faits pour la guerre civile. Sur les 674 revolvers et fusils de guerre saisis, peu..., bien peu, avaient servi. Presque pas ! On avait trouvé des grenades par centaines. Intactes. Faute d'avoir su s'entendre avec les musulmans et de construire l'avenir avec eux, il fallait penser à partir. Le ressort était cassé. Jamais plus on ne pourrait le remonter. Du sommet de l'excitation activiste Bab-el-Oued passa à l'apathie. Le « coeur d'Alger » ne battait plus à l'unisson de l'O.A.S. Hernandez était démobilisé. la place des trois horloges bab el oued |
|