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14 mai 1607
Jamestown, première colonie anglaise
Le 14 mai 1607, une poignée d'Anglais débarquent sur la côte nord-américaine et fonde un établissement permanent sur une terre que de précédents explorateurs ont baptisé Virginie (Virginia) en l'honneur de la reine d'Angleterre Elizabeth 1ère.
Ainsi naît la première colonie anglaise d'Amérique...
Une exploration qui tourne court
Ce jour-là, trois navires, le Susan Constant, le Godspeed et le Discovery, accostent dans la baie Chesapeake, véritable mer intérieure au confluent de plusieurs estuaires. À leur bord 105 hommes sous le commandement de sir Christopher Newport.
L'expédition a été financée par un groupe de particuliers réunis au sein de la Compagnie de Virginie (ou de Plymouth) en vertu d'une Charte signée le 10 avril 1606 par le roi Jacques 1er. Sa mission principale est d'établir une base permanente sur la côte nord-américaine en vue de la recherche d'un mythique passage maritime vers l'Océan Pacifique et l'Asie des épices (passage dont on finira par comprendre qu'il n'existe pas).
Tandis que le commandant rentre en Angleterre pour chercher du renfort, une poignée d'hommes demeurent sur place, dans un fort précaire baptisé Jamestown en l'honneur du roi Jacques 1er (en anglais James 1st). Leur chef est un capitaine de 27 ans, John Smith.
Drames en série
Le site paraît idoine sous les couleurs du printemps mais les premières déconvenues surviennent avec l'été, ses chaleurs écrasantes et ses nuages d'insectes surgis des marécages environnants. Pour ne rien arranger, les colons, dont beaucoup sont gentilshommes, répugnent à défricher et labourer la terre de leurs mains.
Disettes, maladies et attaques des Indiens compromettent la survie de la colonie. Celle-ci s'en sort toutefois grâce à l'énergie de son chef. Puis les colons commencent à planter une herbe d'avenir, le tabac. C'est le début de la prospérité.
Naissance d'une démocratie
Le 30 juillet 1619 se tient dans l'église de Jamestown la première assemblée de la colonie. Elle réunit, outre le gouverneur et ses six conseillers, 22 bourgeois qui représentent les colons. L'assemblée vote une première résolution concernant les impôts, la morale publique et le cours du tabac.
C'est l'amorce de la démocratie représentative à l'américaine. L'assemblée, se transformant en Parlement, affirme ses prérogatives face au gouverneur désigné par la Compagnie de Virginie, puis, à partir de 1624, par le roi d'Angleterre. Ses représentants seront beaucoup plus tard à la pointe du combat pour l'indépendance (Washington, Jefferson, Hamilton....).
En cette même année 1619, un bateau amène d'Angleterre 90 jeunes filles que les colons peuvent prendre pour femme sous réserve de payer leur voyage. Grâce à quoi la colonie va désormais croître et se développer sans plus dépendre de la métropole.
Toujours en 1619, au mois d'août, un bateau hollandais amène à Jamestown une cargaison d'un genre particulier : une vingtaine d'Africains. Les malheureux trouvent immédiatement preneurs auprès des planteurs, trop heureux de mettre la main sur une main-d'oeuvre plus docile que les Indiens et les travailleurs blancs sous contrat.
Officiellement considérés comme des travailleurs ordinaires engagés sous contrat pour une durée de cinq ans, les Africains voient leur statut se dégrader au fil des décennies jusqu'à déboucher sur un nouvel esclavage, résurgence de l'esclavage antique ou oriental. C'est le début d'une malédiction dont les les conséquences pèsent encore sur les États-Unis.
Jusque-là, les Indiens avaient plus ou moins accepté la dépossession de leurs territoires par les nouveaux-venus. En Virginie, le sachem suprême ou grand chef de la fédération des Powhatans avait même marié sa propre fille, Pocahontas, au premier planteur de tabac de la région, John Rolfe.
Mais après sa mort en 1618, son frère et successeur Opechancano montre de moins bonnes dispositions à l'égard des Blancs. Le 22 mars 1622, il lance des attaques concertées contre l'ensemble des villages de Virginie. 346 Blancs sont massacrés. Les colons réagissent avec brutalité et, en 1643 seulement, arrivent à capturer et exécuter leur ennemi. C'est la première des grandes guerres indiennes qui vont opposer pendant plus de 250 ans Indiens et Européens.
actualité
Les premiers colons ont eu recours au cannibalisme pour survivre
AFP
Des scientifiques de l'institut Smithsonian ont démontré que les premiers colons de Jamestown, aux États-Unis, se sont livrés au cannibalisme durant la famine de 1609. L'analyse des restes d'une adolescente anglaise a permis cette découverte.Par FRANCE 24
Les colons de Jamestown, la première colonie anglaise établie en Amérique, située aux États-Unis en Virginie, se sont livrés à des actes de cannibalisme, ont révélé des chercheurs de l'institut Smithsonian.
La famine et la rigueur de l'hiver de 1609 expliquent en partie les raisons qui ont poussé les premiers arrivants à ces actes extrêmes. Pour échapper à la mort, - environ 80 % des colons ont péri durant l’hiver -, certains ont essayé et réussi à extraire de la matière cervicale ainsi que des tissus du visage et de la gorge du corps d’une adolescente pour les manger, ont expliqué des anthropologues du Musée national d'histoire naturelle à Washington.
"Le désespoir et les circonstances exceptionnellement difficiles auxquels faisaient face les colons du fort de James pendant l'hiver de 1609-1610 sont révélés dans le traitement postmortem du corps de cette jeune fille", souligne ce scientifique.
Première preuve scientifique
Le crâne de la jeune fille porte plusieurs marques de coups pour le briser, ainsi que des traces de profondes entailles au niveau du visage et du cou, a précisé dans un communiqué Douglas Owsley, un anthropologue du musée qui a analysé la boite crânienne et les tibias.
La victime était une jeune Anglaise de 14 ans, identifiée sous le seul prénom de "Jane". Ses ossements ont été retrouvés lors de fouilles sur un site historique, avec des restes de chats, de chiens et de chevaux que les colons ont également mangés pour survivre au terrible hiver de cette année-là.
C'est la première preuve scientifique de cannibalisme à Jamestown, la plus ancienne colonie permanente britannique dans le Nouveau monde, ajoute le Smithsonian.
Les découpes sont "très expérimentales, hésitantes", a-t-il dit. "Ce n'est pas le geste d'une personne ayant des aptitudes aux travaux de boucherie et pourtant ceux ou celles qui ont fait cela, par nécessité, savaient que c'est ce qu'ils avaient à faire."
Il n'a pu déterminer en revanche si Jane avait été assassinée ou si elle avait péri de mort naturelle avant de subir ce sort.
Le visage de Jane reconstitué
Mais en utilisant une combinaison de technologies numériques et médicales, ces chercheurs ont pu reconstituer le probable visage de l'adolescente.
Ils ont d'abord passé au scanner les restes incomplets du crâne fragmenté et réalisé un modèle virtuel de la boite crânienne en assemblant numériquement tous les morceaux, tel un puzzle.
Ce modèle a été imprimé en trois dimensions, avant que le visage de la jeune fille soit reconstruit. Il sera exposé au Musée national d'histoire naturelle à Washington à partir du 3 mai, dans le cadre d'une exposition sur les dossiers de médecine légale du Chesapeake au 17e siècle.
Les restes du squelette de la jeune fille seront exposés à Jamestown près du site de sa découverte.