Depuis mars 2013, les usagers peuvent déposer une "préplainte" sur Internet avant de se rendre au commissariat. Objectif: faire gagner du temps aux officiers de police judiciaire mais aussi victimes.
• Comment déclarer une préplainte ?
Déclarer aux autorités -via Internet- un vol ou un acte de vandalisme, tel est le principe de la "préplainte" en ligne.
La procédure est simple: l'usager décline sur un site réservé à cet usage nom et adresse, puis décrit avec précision l'infraction dont il a été victime. À l'issue de cette première étape, il obtient un rendez-vous dans les jours suivants, en commissariat ou à la brigade de gendarmerie, lesquels enregistrent officiellement sa plainte.
Réservé aux seules atteintes aux biens, ce dispositif est depuis le 4 mars 2013, généralisé à toutes les plaintes et sur l’ensemble du territoire français.
• L'enjeu de la préplainte
Faire gagner du temps à tout le monde.
Aux usagers d'abord: en leur donnant un rendez-vous à une date et une heure précise, les victimes devraient échapper aux files d'attente interminables.
Les officiers de police judiciaire y trouveront, eux aussi, leur intérêt.
Ces plaintes préremplies opèrent, de fait, un transfert de tâches de leurs services vers les usagers.
Pour autant, le dispositif a des limites. "Nous devrons toujours vérifier l'identité des plaignants et, surtout, nous assurer qu'ils ont coché la qualification pénale correspondant bien à l'infraction subie, note Stéphane Liévin, du syndicat Unité SGP Police.
Qui, parmi nos concitoyens, connaît la différence entre un abus de confiance et un vol, ou entre une dégradation et une destruction ? À l'entendre, le gain de temps réalisé ne devrait donc pas permettre le redéploiement de beaucoup de troupes sur le terrain.
La déclaration sur Internet présente surtout un autre avantage: celui de rationaliser le traitement des infractions."En concentrant sur une même journée l'enregistrement de plaintes concernant un certain type d'infractions, les policiers effectueront sans doute des rapprochements difficiles à faire à l'heure actuelle", estime Cyril Rizk, responsable des statistiques à l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP).
• Des usagers convaincus ?
Reste à savoir si les usagers qui pourront toujours déposer directement une main courante au commissariat s'empareront de cette innovation. Notamment ceux qui ne disposent pas de l'outil internet ou ne sont pas familiarisés avec lui.
Dans les départements testés, "peu de préplaintes ont été déposées", selon la Cnil. Aux dires de Stéphane Liévin, "les victimes, encore choquées par ce qui vient de leur arriver, ont besoin qu'on les rassure, qu'on leur explique les étapes à suivre. L'écran ne pourvoira jamais à ce besoin." Pourtant, le dépôt de plainte sur Internet est déjà une réalité en Italie, en Belgique et en Espagne.
Article paru dans La Croix