Le rouge-gorge
Le rouge-gorge est au verger ;
Ah ! qu'il est joli, le voleur ;
Il ne pèse pas plus que plume
Et le vent le balance à son gré
Comme une fleur ;
Ah ! qu'il est joli, le voleur de prunes.
Oiseau, bel oiseau d'automne,
Voici l'oseille qui rougit
Dans l'herbe,
Et la feuille du poirier jaune ;
Tout se couvre de pourpre et de vieil or superbe
Avant l'hiver gris.
Tristan KL
Le Rouge Gorge et le Christ ont leur rencontre.
En ce temps-là, le Rouge-Gorge était perdu dans le genre des fauvettes. Il n'avait pas encore conquis un nom personnel. Il portait une robe entièrement brune et il nétait pas le Rouge-Gorge que nous connaissons. L'oiseau vit le Christ monter le Golgotha, tout ployé sous la croix et le front saignant de la douloureuse couronne qu'il portait. Dieu, lui même, semblait avoir abandonné le Fils de l'Homme. Le petit oiseau se sentit ému et s'en vint, travaillant du bec, essayer d'arracher l'épine qui ensanglantait le visage du Nazaréen.
Il ne parvint qu'à se couvrir de sang lui-même, toute sa poitrine, où bat son petit coeur vaillant, en fût colorée. Le Christ voulut que cette tache de sang lui resta, glorieuse marque de son humanité.
Depuis lors, on le connaît sous le nom de ROUGE-GORGE.