En France
En 1914, S. Pellat fonde la Société Technique des Experts en Ecritures et une école est installée dans les locaux de la Sorbonne avec un cycle de deux années d'études. Cette société connut un grand prestige tant en France qu'à l'étranger. Pourtant, en 1931, à la mort de S. Pellat, cette société cessa toute activité. En 1963, à l'initiative de Suzanne Hotimsky, une nouvelle association fut créée sous le même nom. Elle devait former un corps de techniciens capables de procéder scientifiquement à l'identification des écritures. Au décès de Suzanne Hotimsky en 1984, la Société tomba en sommeil.
Actuellement, en France il y a très peu d'enseignements spécialisés, à savoir : un diplôme universitaire Techniques en analyse de documents et en comparaison d'écritures manuscrites à l'Université Paris Descartes (Paris 5) sous la direction d'un professeur de médecine légale et un cours privé de spécialisation dans le domaine de l'analyse des écritures et des documents. De ce fait, les experts sont recrutés parmi les chartistes, les universitaires intéressés par le sujet; les graphométriciens, (voir plus bas : la graphométrie), employant des méthodes de traitement statistiques sur des mesures effectuées sur les écritures (de question ainsi que de comparaison), qui sont naturellement les plus qualifiés au plan des techniques analytiques scripturaires.
La validation
L'expertise en écritures entre dans le domaine de la graphistique, terme générique qui regroupe la graphonomie et la graphométrie.
La graphonomie[modifier]
C'est l'étude des phénomènes graphiques considérés en eux-mêmes sur leur aspect objectif indépendamment des écritures où on les observe. Elle se fonde en particulier sur la théorie décrite par Pellat en 1929.
Par ailleurs, dans les cas difficiles de l'application de la méthode générale dite des concordances et des discordances, l'expert dispose de tests statistiques (Buquet, Manchon 1989) qui l'aide à évaluer la fiabilité probable de son examen, ou encore le pourcentage de risques de se tromper.
La graphométrie
C'est une science mathématique qui mesure les différentes dimensions de l'écriture, les met en corrélation avec des interprétations statistiques par le moyen de puissantes méthodes d'analyse multi-variées, positionne les scripteurs sur des échelles de référence. C'est une méthode expérimentale et reproductive. Tout y est affaire de traitement informatique (par l'application de la mathématique), des mesures effectuées sur les écritures sous forme de relevés obtenus par cumulation et comparaison.
La graphométrie est validée par les travaux de Locard (1920), Stein-Théa Lewinson (1942), Jacques Salce et Marie-Thérèse Prenat (1968) et plus récemment Buquet, Manchon (1984-1985) qui préconisent dans les cas délicats la méthode de l'analyse de variance sur les caractéristiques graphométriques des écritures. Aujourd'hui, Catherine BOTTIAU, dans le sillon tracé par Marie-Thérèse PRENAT (disparue en janvier 2010) continue les recherches en graphométrie avec une équipe de graphologues et graphométriciens.(CIR2G)
L'expertise clinique judiciaire[modifier]
En France
En 1991 l'expertise clinique judiciaire voit le jour suite à des désignations en dualité d'experts et une collaboration étroite entre Salce et Buquet.
Le grapho-diagnostic
Article détaillé : graphopathologie.
Il concerne l'étude des "écritures spéciales" (Buquet - 1999), c’est-à-dire sortant du cadre de l'écriture dite « normale » par suite de déformations présumées d'ordre moteur et/ou mental. Ces écritures sont porteuses de signes graphiques particuliers. La recherche détaillée des phénomènes scripturaux résultant des états pathologiques, l'étude des déformations grapho-motrices et des signes d'altération ou de dégradation lus dans les écritures permettent l'identification d'une écriture d'alcoolique, de vieillard, de déprimé, de cardiaque, d' asthmatique, de convalescent, de « simulateur » ou de toxicomane.
L'expertise scientifique des documents
En France
Dans la nomenclature du décret n° 2004-1463 du 23 décembre 2004, l'arrêté du 10 juin 2005 stipule à la rubrique G:4 (documents et écriture) et G:5 (documents informatiques). Cela confirme que l'expertise d'écritures manuscrites ne peut être dissociée de l'expertise des documents en général (sorties informatiques, télécopies, photocopies, supports magnétiques divers, etc.). Par ailleurs l'étude des documents a toujours été une spécialité de la criminalistique au même titre que les empreintes digitales, la balistique ou les explosifs, etc.
Elle fait appel aux méthodes scientifiques de laboratoire dont les résultats s'avèrent dans bien des cas déterminants pour formuler ou nuancer une conclusion.
Parmi les méthodes les plus employées, nous citerons :
les méthodes microscopiques (microscope stéréoscopique, microscope électronique à balayage (M.E.B.)
les méthodes de lecture de tracés latents en sillons (photographies en lumière rasante, appareil ESDA)
les méthodes de visions par rayonnements électromagnétiques dans l'invisible (caméra UV ou IRR, comparateur vidéospectral)
les méthodes physico-chimiques d'analyse (chromatographie sur couche mince haute performance C.C.M.H.P., spectrométrie infrarouge à transformée de Fourier SIRTF)
les méthodes de rugosimétrie de surface en 2D ou 3D
Vérification automatisée des écritures et des signatures
Dans le domaine de la recherche, il faut citer la vérification automatisée des écritures et des signatures. Pour le cas des écritures cursives liées qui est le plus délicat, le Système Mathetique-Perceptron (SMP) paraît avoir réglé le problème. Ce système est basé sur le principe qui doit être mathétique c’est-à-dire susceptible d'un apprentissage dynamique judicieux utilisant une architecture "perceptron-multicouche" qui permet d'ajuster les décisions au moyen d'algorithmes interactifs (Buquet, 2001)
Références
S. PELLAT Les lois de l'écriture, Paris, VUIBERT 1927
Ed. LOCARD Une nouvelle technique de l'expertise en écritures Revue Scientifique 22, 1921
A. BUQUET
L'expertise des écritures manuscrites MASSON, Paris 1991
Les documents contestés et leur expertise YVON BLAIS Inc. Cawansville (Quebec) Canada 1997
Précis de pathologie graphique Expansion scientifique Publications, Paris 1998
Vérification automatisée des écritures et des signatures Rev. Int. Pol. Crim n° 483 - 2001
Manuel de Criminalistique Moderne Paris PUF - 4ed 2008
M.-J. SEYDEN INTRODUCTION A L'EXAMEN OBJECTIF DES ECRITURES MANUSCRITES (Standard Handwriting Objective Examination -