Le France est construit aux Chantiers de l'Atlantique ; la première tôle de la quille est posée le 7 octobre 1957, sur la cale no 1 de Penhoët, à Saint-Nazaire, là où a été construit le Normandie. Les services techniques du chantier s'étaient intéressés, dès 1935, à la construction d'un « petit frère » du Normandie, appelé Bretagne, mais la guerre avait empêché ce projet.
Le chantier emploie 1 300 ouvriers à la construction de la coque, sous la supervision d'Alfred Lafont, qui contrôle la conception et l'exécution du projet, avec Antoine Barthélémy, ingénieur du génie maritime, et Jean-Paul Ricard, ingénieur en chef de la partie technique. La construction dure quatre ans. 7 500 plans sont nécessaires, dont 3 295 pour la machinerie, auxquels s'ajoutent 42 000 croquis de préfabrication.
Les pièces proviennent de différents endroits : le gouvernail est construit par les chantiers de la Ciotat ; les arbres d'hélice le sont aux ateliers du Creusot ; la mèche de safran est fabriquée aux usines Saint-Jacques à Montluçon. Le France renferme 46 kilomètres de conduits de ventilation, 100 km de tuyaux d'acier et 160 en cuivre.
La quille est entièrement posée à la mi-janvier 1958. Les éléments suivants sont préfabriqués en « bloc », ce qui est depuis devenu la norme, chaque bloc pesant entre 30 et 80 tonnes. Les blocs sont ensuite assemblés sur la quille, puis les uns sur les autres. 6 000 tonnes de tôles sont assemblés en octobre, l'étambot prend place le 19 décembre ; 20 000 tonnes sont assemblées fin 1959. Le 24 novembre de cette année, le dernier élément de 31 tonnes est assemblé. L'assemblage est rendu plus compliqué par la dilatation due à la chaleur pendant la journée, et par l'inclinaison de la cale de lancement qui oblige à corriger les angles. La peinture de la coque commence en mars 1960 et le mât-radar de 30 mètres est posé le 3 mai.
Lancement[modifier]Le lancement a lieu le mercredi 11 mai 1960, devant une centaine de milliers de spectateurs, pour certains venus par des trains et avions spécialement affrétés pour l'occasion. Après les discours de circonstance, le navire est béni par Mgr Villepelet, évêque de Nantes, à 15 h 50. Sous la coque, des ouvriers s'activent pour enlever les dernières cales et accores[3] qui retiennent le navire. Sur le pont, le commandant Henri Le Huédé, dernier pacha du Normandie, assure la manœuvre.
Le navire est lancé à 16 h 15, une demi-heure, avant la pleine mer afin de profiter du courant de flot (le jour a été choisi car il correspondait à un jour de la première marée avec une amplitude suffisante). Sa marraine, Mme Yvonne de Gaulle, épouse du général, coupe le ruban qui retient la bouteille de champagne, et le France glisse sur les rampes de bois, puis pénètre dans l'eau à 33 km/h. Sept minutes plus tard, six remorqueurs le prennent en charge et l'amènent vers la forme Joubert, d'où quatre le conduisent ensuite au quai de Penhoët. À 16 h 30, le Général de Gaulle prononce un discours, qui s'achève par « Et maintenant, que France s'achève et s'en aille vers l'océan, pour y voguer et servir ! Vive le France, vive la France ! »