emeraude GM V.I.P. du forum
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| Sujet: le chevalier Sam 25 Aoû 2012 - 13:34 | |
| Qui pouvait devenir chevalier ? Même si les romans courtois désignent la chevalerie comme un « Ordre » (ordo), la chevalerie est socialement composite. Elle entretient des rapports assez complexes avec la « noblesse » (aristocratique d'alors. La noblesse au Moyen Âge n'est en effet pas un statut ou un privilège mais une « qualité d'intensité variable »5. Nobilis est un adjectif : on peut être plus ou moins noble ; alors que miles est un substantif : on est chevalier ou on ne l'est pas. Et si tous les chevaliers ne sont pas nobles, loin de là, tous les nobles se disent bientôt chevaliers. Se sentant investis de l'idéal chevaleresque, partageant les valeurs de prouesse et de loyauté, la noblesse s'est peu à peu identifiée à la chevalerie, jusqu'à ce que le mot noblesse deviennent même un vertu confondue avec le groupe social porteur de cette celle-ci. Tous les chevaliers n'étaient pas « guerriers à plein temps » il existait des chevaliers-paysans vivant en bande dans de grosses maisons fortes. Le chevalier reste en contrebas, il mange parfois à la table du seigneur, partage sa vie aventureuse avec ses fils, mais il est bien souvent d'origine sociale moindre. La chevalerie a été pour certains hommes du Moyen Âge un ascenseur social, mais nombre de chevaliers sont issus d'anciennes familles nobles : ils en sont les cadets célibataires et sans héritage, voire les bâtards. Au début du xiiie siècle, des législations royales de France, d'Allemagne et d'autres royaumes moindres stipulent que l'on ne peut accéder à l'honneur chevaleresque que si l'on est soi-même de lignée chevaleresque6. Quelles que soient les origines du chevalier, la vie chevaleresque a un prix économique de plus en plus important. Au xiie siècle, l'équipement de base du chevalier (cheval, heaume, haubert, épée) représente le revenu annuel d'une seigneurie moyenne de 150 hectares. Trois siècles plus tard, l'équipement nécessaire engloutit le produit du travail de 500 hectares Comment devient-on chevalier ? - Spoiler:
L'adolescent, le bachelier, fils de chevalier, accède lui-même à ce titre et à cet état après un apprentissage et une cérémonie appelée adoubement. Avant l’adoubement, vers l’âge de sept ans, il est placé chez un seigneur qui sera son parrain. Il y gravit tous les degrés de l'éducation qui vise à en faire un guerrier : galopin (il nettoie l’écurie), page (il s’occupe des chevaux, est au service de la dame du château, suit un entrainement équestre, apprend à chasser) et enfin écuyer, damoiseau (il aide les chevaliers au tournoi et à la guerre, et il a l'immense privilège de lui porter son écu). Vers 17-21 ans, il passe l’adoubement cérémonie officielle à laquelle de nombreux nobles assistaient et qui consistait à consacrer un homme comme chevalier du roi. L'adoubement était une cérémonie qui marque le passage de l'état d'écuyer à celui de chevalier. Cette cérémonie a lieu en général en septembre ou en octobre. La nuit précédent son adoubement, le chevalier passe une nuit de prière dans une chapelle en compagnie de son parrain, revêtu d'une tunique blanche, avec une croix rouge, le blanc symbolisant la clarté et le rouge symbolisant le sang que le chevalier est prêt à verser. Puis le seigneur organise une fête dans son château, à laquelle les vassaux du roi sont conviés. Au fond du château, sur une estrade, le chevalier était prêt à se faire adouber chevalier. Agenouillé, le bachelier prête à haute voix le serment des chevaliers, une main sur l'Évangile ; ses armes de chevalier lui sont ensuite remises par son seigneur et parrain, bénites par l'Église qui encadre la cérémonie. Une fois revêtu de son équipement, il s'agenouille à nouveau pour recevoir l'accolade.
Jean II adoubant des chevaliers, enluminure des xive et xve siècles, BNF. Après la cérémonie, on organise des tournois auxquels se joignent les chevaliers adoubés et les vassaux du seigneur et des banquets pour célébrer l'occasion. La cérémonie de l'adoubement confère à celui qui le reçoit un pouvoir principalement militaire puisqu'il obtient le droit de ban (rassemblement de l'ost, autrement dit de l'armée) pour partir en campagne militaire mais également un caractère plus politique et judiciaire puisqu'il accède à la fonction de gouvernement des hommes soumis à sa juridiction, à son pouvoir. L'Église a aussi voulu donner une portée idéologique à cette cérémonie sans toutefois y parvenir pleinement. L'adoubement assure l'admission dans la militia, c'est-à-dire la chevalerie. La remise des armes a une importance majeure car elle signifie pour le chevalier certains devoirs et fonctions à respecter. En effet, la remise de l'épée signifie pour le chevalier l'exercice de la force armée, à savoir le maintien de la paix et de l'ordre public mais aussi le soutien et la protection de l'Église et des faibles, la fonction religieuse tenant une place centrale dans l'exercice des fonctions du chevalier. Enfin, être chevalier, c'est aussi défendre le royaume contre les ennemis extérieurs, souvent assimilés aux païens. Ce caractère religieux de l'adoubement est très prononcé. Les chevaliers ainsi que leurs armes sont bénis par les ecclésiastiques. Les rites de l'adoubement tiennent également un caractère religieux, par exemple la veillée de prières qui précède la cérémonie ou encore un bain rituel. En résumé, les chevaliers sont au service de Dieu, de leur seigneur et de leur roi. À cette idéologie morale s'ajoute une tonalité nobiliaire. En effet, en devenant chevalier, on entre dans un ordre plus élevé, proche de l'aristocratie. De fait, le chevalier tend à s'élever dans la société et à se rapprocher de la noblesse et donc à s'éloigner du bas peuple.
Le genre de vie du chevalier - Spoiler:
Un soldat au service d’un seigneur Le chevalier est un professionnel de la guerre ; il est propriétaire d'armes offensives et défensives (voir la liste dans l'article armement) qu'il lui faut souvent remplacer après un combat. Il doit donc gagner de l'argent. Les tournois : une manière de gagner de l'argent et de s'amuser Les guerres au Moyen Âge ne sont pas si fréquentes. De plus, on ne se bat pas l'hiver, ni pendant les périodes saintes (Avent, Carême). L'Église a défini depuis la fin du xe siècle des paix de Dieu et des trêves de Dieu pour limiter les guerres. Le tournoi est donc une occasion de remporter une rançon, de confisquer chevaux et armes des chevaliers vaincus. Il est aussi une façon de ne pas perdre la main pendant les périodes sans combat et de se distinguer auprès d'une dame. Les chevaliers aiment les tournois car ils s'y amusent et se sentent dignes d'y mourir l'épée à la main. Le chevalier vit souvent au château et doit être fidèle à son seigneur, lorsqu'il est vassal. Néanmoins, il ne faut pas confondre vassal et chevalier.
Les devoirs du chevalier - Spoiler:
Envers sa dame : La courtoisie est d'abord l'ensemble des qualités du noble, le comportement élégant d'un chevalier ; puis vers 1150, la courtoisie se charge d’une dimension amoureuse, incarnée dans le personnage de Lancelot. L'amour courtois est chanté par les troubadours et les trouvères. Au service de l’Église : le chevalier doit mettre son épée au service du pape (croisades) et des faibles : il devient alors chevalier du Christ (Miles Christi) Les qualités de chevalier idéal sont la sagesse, la prouesse, la générosité et la fidélité. Cependant, ces devoirs sont secondaires par rapport aux devoirs envers le suzerain. Ses « vertus » sont idéalisées par la littérature courtoise au service d'une classe, la noblesse, une forme de gouvernement dans laquelle le pouvoir est officiellement détenu par une élite (parfois par une caste, une classe, une famille, voire quelques individus). Le chevalier est avant tout un homme d'armes, un homme de guerre, de prouesse. Au Moyen Âge, la noblesse doit justifier l'ascendance divine de son pouvoir par une conduite irréprochable. Son rôle est la protection des terres et l'exercice de la justice, et il a un devoir d'équité. En particulier, à la guerre il faut se battre héroïquement, au corps à corps. Le combat est proscrit le dimanche et la fuite entraîne une déconsidération profonde. Ainsi les revers militaires de Jean sans Terre contre Philippe Auguste entraînèrent la promulgation de la grande Charte en 1215 (qui instaurait une monarchie contrôlée par un parlement de barons). Une mésaventure similaire faillit arriver aux Valois en 1357 après les désastres de Crécy (1346) et Poitiers (1356): Étienne Marcel, prévôt des marchands de Paris, fut à deux doigts de réussir à imposer une monarchie contrôlée par la grande ordonnance, votée le 28 décembre 1355 et promulguée le 3 mars 1357.
Le rôle de l'Église - Spoiler:
À ses débuts, la chevalerie n'était nullement valorisée par l'Église comme le précise Jean Flori1. Effectivement, si cette dernière soutenait et défendait entièrement les chevaliers partant en croisade, elle dénonçait ceux qui risquaient leur vie non pas pour Dieu mais pour de l'argent pendant les tournois notamment. À la base, elle voyait les chevaliers comme des hommes obéissant à leur seigneur et usant de la violence pour s'imposer et appliquer leur autorité dans les domaines qu'ils devaient contrôler et surveiller. Il y avait également cette vision du cavalier errant, sans but ni objectif précis, qui pillait et commettait des vols et autres rapts pour subvenir à ses besoins. L’Église a fortement contribué à influencer la chevalerie et à modifier ses valeurs, ses devoirs. Elle a utilisé cet ordre pour en faire des défenseurs de leurs propres causes. Elle a en cela incité les chevaliers du siècle à devenir des Milites Christi, autrement dit des « Chevaliers du Christ » au service de Dieu. Pour ce faire, l'Église a ainsi assuré la rémission des péchés à tous les chevaliers désirant combattre les infidèles en Terre Sainte. Les Croisades ont donc joué un rôle central dans la réunion, la réconciliation en quelque sorte de l'Église et de la chevalerie. Il était désormais possible à partir du xiie siècle, notamment lors de la première croisade prêchée par Urbain II en 1095 d'être chevalier et de combattre pour Dieu. Durant cette période, on a donc bien une opposition totale entre chevalerie du Christ et chevalerie du siècle, la première étant valorisée et défendue par l'Église, la seconde méprisée par celle-ci. L'exemple des Templiers illustre bien cette opposition. Ces derniers sont en effet des "nouveaux chevaliers" car ce sont des croisés permanents, sortes de moines guerriers. Ils sont donc soutenus par l'Église car ce sont des chevaliers servant et défendant une cause considérée comme juste par cette dernière, à savoir la lutte contre les musulmans ayant pris possession de Jérusalem et de la Terre Sainte. Les Templiers servent en fait les intérêts de l'Église dans un certain sens. S'ils tuent, ils ne risquent pas la damnation selon l'Église car c'est pour le Christ qu'ils le font, autrement dit pour une cause juste. En combattant pour le Christ, l'Église assure à ces derniers une vie éternelle après la mort. De fait, on peut conclure sur l'idée qu'au Moyen Âge, l'Église valorise la fonction guerrière et la considère mieux au fil des siècles, faisant en sorte qu'elle serve ses propres intérêts (croisade), bien qu'elle s'y était farouchement opposée auparavant.
Les Chevaliers de Malte L’Ordre de Malte est l’un des rares Ordres fondés au Moyen Âge à être encore actif aujourd’hui. C’est aussi le seul Ordre à être à la fois Souverain et Religieux. Ceci s’explique notamment par le fait que la plupart des autres Ordres de chevalerie n’avaient pas de vocation hospitalière; ils ont donc disparu dès que les objectifs militaires qui présidaient à leur existence furent atteints. En tant qu’Ordre de chevalerie, l’Ordre de Malte a su conserver les valeurs de la noblesse : en effet, la plupart des membres appartenaient traditionnellement à la chevalerie et à la noblesse du monde chrétien. Aujourd’hui, ses membres sont issus de toutes les classes sociales. On peut les décrire comme des catholiques habités par une noblesse d’esprit qui s’illustre dans leur comportement altruiste. Tous les Chevaliers de Malte se doivent de posséder les qualités inhérentes à la chevalerie, à savoir, se distinguer par des vertus spéciales. L’Ordre a su conserver ses valeurs morales traditionnelles telles que l’esprit de service, de sacrifice et de discipline qui caractérise encore les Chevaliers de Malte d’aujourd’hui. Ses batailles ne sont plus menées à la pointe de l’épée mais avec des moyens pacifiques de lutte contre la maladie, la pauvreté, l’exclusion et l’intolérance, ainsi que pour le témoignage et la défense de la foi. Les 13.500 Chevaliers et Dames de l’Ordre de Malte doivent avoir une conduite chrétienne exemplaire dans leur vie privée et publique et contribuer ainsi à perpétuer la tradition de l’Ordre. En particulier, il leur incombe de coopérer effectivement aux oeuvres d’assistance hospitalière et sociale de l’Ordre. |
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| Sujet: Re: le chevalier Sam 25 Aoû 2012 - 13:58 | |
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