L’'
affaire Roswell' (
Roswell Incident) désigne le
crash d'un objet aux
États-Unis près de
Roswell (Nouveau-Mexique) en juillet
1947, identifié par les autorités américaines comme étant une cible de ballon
Mogul. Cet événement est contesté par certaines associations d'
ufologues qui considèrent que les autorités dissimulent des informations et
détiendraient la preuve, tenue secrète depuis 1947, de la présence d'une
civilisation extraterrestre avancée.
Le témoignage de
Kenneth Arnold, aux commandes de son avion privé, relatant le vol de neuf objets à une vitesse estimée de 1 500 km/h
au-dessus du Mont Rainer, avait en effet eu lieu un mois plus tôt et
était à l'origine de l'appellation journalistique de « soucoupes
volantes ».
En raison des nombreux témoignages soutenant l'hypothèse
extra-terrestre à Roswell, le crash et la récupération supposés d'un
OVNI a depuis évolué en phénomène de
culture populaire hyper-médiatisé. Roswell est devenu l'une des manifestations supposées extra-terrestres les plus célèbres
1.
Les faitsLa ville de Roswell
Le
4 juillet 1947,
William « Mac » Brazel, propriétaire d'un ranch dans une zone
désertique et peu accessible près de Roswell, découvre des débris sur
ses terres. Brazel, intrigué par l'aspect des matériaux, décide de les
montrer à ses plus proches voisins situés à plusieurs kilomètres de là,
la famille Proctor. Ceux-ci lui conseillèrent alors de contacter le
shérif de Roswell qui jugea opportun d'avertir la base militaire la plus
proche.
Le lieutenant Walter Haut, porte-parole du Roswell Army Air Field
(RAAF), fit alors un premier communiqué de presse à la demande du
colonel William Blanchard commandant de la base de Roswell, où il
annonça qu'ils avaient récupéré une soucoupe volante (
flying disc)
écrasée près d'un ranch à Roswell, déclenchant ainsi un fort intérêt de
la part des médias du monde entier. Le lendemain, le brigadier général
Ramey de la base de Fort Worth où avaient été transportés les débris par
avion pour examen, publia un rectificatif annonçant que la soucoupe
volante était seulement un
ballon-sonde2. Une
conférence de presse fut organisée dans la foulée, exposant aux journalistes des débris
facilement identifiables de l'objet crashé, confirmant officiellement la
thèse du ballon.
En 1978, le lieutenant-colonel en retraite
Jesse Marcel,
qui était arrivé le premier sur les lieux et qui était impliqué dans la
récupération des premiers débris en tant que responsable de la sécurité
de la base de bombardiers atomiques, déclara à l'ufologue Stanton
Friedman venu l'interviewer puis à la télévision que ceux-ci étaient
sûrement d'origine extraterrestre. Il ajouta que les débris montrés par
le général Ramey, responsable de la base, aux journalistes n'étaient pas
ceux que Marcel lui avait apportés de Roswell. Il fit part de sa
conviction selon laquelle les militaires avaient en réalité caché la
découverte d'un vaisseau spatial. Son histoire circula d'abord dans le
milieu des ufologues et est à l'origine de plusieurs enquêtes et de
livres évoquant une politique du secret imposée par les autorités
militaires
3. En février 1980, le
National Enquirer interviewa le major Marcel, attirant l'attention mondiale sur l'incident de Roswell.
En 1991, le général Du Bose, chef d'état-major du général Ramey en
1947, déclarait que ce dernier avait substitué aux débris transmis par
la base de Roswell ceux d'un ballon météo montrés aux journalistes.
Traces matérielles d'un incidentL'historique suivant reconstruit le déroulement supposé des
événements liés à ce qui s'est passé à Roswell. Il est construit à
partir de journaux et de
télex de l'époque.
Les débris recueillis dans un ranchQuelque temps avant le 8 juillet 19474.
, le fermier William « Mac » Brazel remarque des débris qu'il trouve
étranges alors qu'il travaille dans un ranch à une centaine de
kilomètres de Roswell. Brazel raconta au Roswell Daily Record que son
fils et lui avaient vu « une large zone de débris brillants, bandes de
caoutchouc, feuilles d'étain, un papier plutôt dur et des barres ».5,6.
Le 7 juillet, Brazel confie au shérif Wilcox qu'il croit avoir trouvé une soucoupe volante
5.
Wilcox appela ensuite le major Jesse Marcel de la base de l'armée de
l'air de Roswell et un homme en civil vint au ranch chercher les débris
que Brazel avait ramassés. « Nous avons passé quelques heures le 7
juillet à chercher des morceaux de l'engin météo », déclara Marcel.
« Nous avons trouvé d'autres bouts de caoutchouc et d'aluminium »
7.
Ils essayèrent ensuite de ré-assembler l'objet mais Brazel dit qu'ils
n'y étaient pas arrivés. Marcel apporta les débris à la base le
lendemain matin. Comme décrit dans l'édition du Roswell Daily Record du 9
juillet 1947
8:
« Il n'y avait aucun signe de métal dans la zone qui aurait pu
provenir d'un moteur, ni aucune trace de propulseur (...). Il n'y avait
aucune inscription sur l'instrument, bien qu'il y ait des lettres sur
certaines parties. Une longueur considérable de ruban adhésif et du
ruban avec des fleurs imprimées dessus avaient été utilisés dans la
construction. Ni corde, ni fil n'était visible, mais il y avait des
œillets dans le papier qui indiquaient que quelque chose pouvait y avoir
été attaché. »
Un télex envoyé au bureau du
FBI de
Dallas, citait un major de l'Eighth Air Force le 8 juillet
9:
« Le disque est hexagonal et était suspendu à un ballon par un câble, ballon de 6 mètres
de diamètre environ. Il a été dit au major Curtan que l'objet trouvé
ressemblait à un ballon météo à haute altitude équipé d'un réflecteur
radar, mais cette conversation téléphonique entre leur bureau et la base
de Wright Field n'a pas confirmé cette affirmation. »
Informations dans la presseUn ballon météo juste après son décollage.
Tôt le mardi 8 juillet, la base de l'armée de l'air de Roswell fit un
communiqué de presse qui fut immédiatement relayé par de nombreux
journaux
10 :
« Les nombreuses rumeurs faisant état d'une soucoupe volante sont
devenues réalité hier, lorsque le service des renseignements du 509e
escadron de l'air force de la base de Roswell a pris possession d'un
disque grâce à la coopération d'un rancher et du bureau du shérif du
comté de Chaves au Nouveau Mexique. L'objet volant a atterri dans un
ranch près de Roswell durant la semaine dernière. Sans téléphone, le
rancher a conservé le disque jusqu'à ce qu'il puisse contacter le bureau
du shérif, qui informa le major Jesse A. Marcel du 509e
escadron de l'air force. Une action fut immédiatement lancée, et le
disque fut récupéré au domicile du rancher. Il a été examiné à la base
de Roswell, puis transmis à de plus hautes autorités. »
Le colonel William H. Blanchard, commandant du 509
e escadron, contacta le général Roger M. Ramey de l'Air Force à Fort Worth, au Texas, et Ramey ordonna le transport de l'objet à la
base aérienne de Fort Worth. L'adjudant Irving Newton confirma l'opinion de Ramey,
identifiant l'objet comme un ballon météo et son réflecteur. Un autre
bulletin de presse sortit alors, depuis Fort Worth, décrivant l'objet
comme un « ballon météo ».
À Fort Worth, plusieurs photographes de presse purent prendre des photos
des débris. Ces débris correspondaient bien à la description d'un
ballon et d'un réflecteur. Ramey, le colonel Thomas J. Dubose et Marcel
furent pris en photo avec les débris. Brazel, le rancher, interviewé par
le Roswell Daily Record, infirma la thèse militaire, déclarant qu'il
avait déjà retrouvé des ballons météo et qu'il était sûr que ce qu'il
avait trouvé n'était pas un ballon d'observation
8. L'affaire fut rapidement oubliée.
Théorie du complot au sujet des extraterrestresLes partisans de la
théorie du complot,
auteurs de nombreux livres, conclurent qu'un vaisseau extraterrestre
s'était écrasé du côté de Roswell, que les passagers, certains peut-être
encore en vie, avaient été récupérés, et que toutes les informations
sur l'incident avaient été dissimulées. De nombreux livres, articles,
documentaires télévisés et même une série télé ont rendu l'incident de
1947 tellement célèbre qu'au milieu des années 1990, les sondages,
notamment celui publié par
CNN/
Time en 1997, ont révélé qu'une grande majorité des gens croyaient que les
extraterrestres étaient venus sur Terre et plus précisément qu'ils
avaient atterri à Roswell et que le gouvernement avait dissimulé les
évènements
11.
Arguments développés par les partisans de la théorie du complotCharles Berlitz et William L. Moore écrivirent le premier livre sur le sujet en 1980
12 et déclarèrent avoir interviewé plus de quatre-vingt-dix témoins
13.Ils présentent le récit de Jesse Marcel qui décrit les débris comme « ne ressemblant à rien de fabriqué sur cette terre »
12 (p. 28), suggèrent que le matériau récupéré par Marcel était d'une
grande solidité et possédait d’autres qualités qu’aucune matière
d’origine terrestre ne pouvait avoir (donc en opposition avec les
rapports officiels), et introduisent l’idée que les débris récupérés par
Marcel au ranch Foster ont été remplacés par des débris d’un ballon
météo
12 (p. 33 ; pp. 67-69) pour soutenir la dissimulation. Marcel aurait posé
avec les vrais débris, puis les pièces auraient été échangées et les
autres auraient posé avec les débris échangés. Le livres de Randle et
Schmitt
14 défendent la même thèse
15.
Stanton Friedman et Don Berliner
16 suggèrent une dissimulation par les hautes autorités de la récupération
d’un OVNI, en se basant sur des documents tels que les archives du
groupe
Majestic 12. Le
FBI a reconnu que ces documents étaient faux. L'auteur prétend, suivant en cela la
théorie du complot,
qu'une agence gouvernementale haut placée aurait eu pour mission
d’enquêter sur les extraterrestres découverts à Roswell et de garder ces
informations à l’abri du public. Le livre suggère que pas moins de huit
corps extraterrestres auraient été récupérés sur deux sites de crash :
trois morts et peut-être un vivant au ranch de Foster, et trois morts et
un vivant sur le site de Sorocco
16 (p. 129)
17.
Walter Haut18 représentant la base militaire de Roswell était à l’origine du
communiqué de presse du 8 juillet 1947 annonçant la découverte d’un
« disque volant ».
C’est la seule implication que Haut ait reconnue dans des documents officiels.
Une nouvelle arnaque à Roswell
- Philip Corso sortit le livre The Day After Roswell à l'été 1997 et dans la préface, le président du comité des forces armées du Sénat signalait que Corso « était une personne intègre ».
Le 6 juin 1997, le sénateur Thurmond a publiquement désavoué sa
préface, expliquant que jamais Corso ne l'avait informé de l'orientation
ovni du livre mais au contraire laissé croire à une autobiographie.
Selon la revue Anomalies, il s'agit d'une « tentative délibérée de tromperie de Corso dans le seul but de vendre son livre »19.Karl Pflock dénonce « les rêves égocentriques fébriles de Corso »,
qui se présente comme un as dans le domaine du renseignement et de la
technologie et qui se trompe de manière flagrante dans sa description
élémentaire des avions B-2, F-117 et Backfire20.
La récupération de mannequins anthropomorphes décrite par des témoins
est revisitée par Corso qui rajoute moult éléments étranges : « ...(il)
ouvrit la caisse de force et vit une créature non humaine flottant dans
un grand conteneur vitré. Il pressentit qu'elle venait de l'espace. »
Problèmes avec les récits des témoinsSelon
Korff,
les centaines de témoins interviewés par les auteurs de livres à
sensation n'étaient pas en fait de vrais « témoins » de "débris" ou d'
"extraterrestres". La plupart de ceux-ci répétaient en fait les récits
d’autres personnes et leur déposition eut été une inadmissible
déposition sur la foi d'un tiers devant une cour de justice américaine
13, (p. 29). Sur les 90 témoins prétendument interviewés pour
The Roswell Incident,
affirme Korff, les témoignages de seulement vingt-cinq d’entre eux sont
mentionnés dans le livre et seulement sept d’entre eux ont vu les
débris. Parmi eux, cinq ont touché les débris (ibid.).
Karl T. Pflock, dans son livre
Roswell: Inconvenient Facts and the Will to Believe paru en 2001, fait remarquer qu'un grand nombre de témoins ont voulu rester anonymes
21 (p. 176). De ces 300 et quelques personnes, affirme Pflock, seulement 41 peuvent être « considérés
comme d’authentiques témoins avec une expérience directe ou indirecte
des évènements à, ou autour de, Roswell ou sur la base militaire
aérienne de Fort Worth » et seulement 23 peuvent « être raisonnablement considérés comme ayant vu des preuves physiques, des débris récupérés au ranch Foster ». Parmi eux, affirme Pflock, seuls sept ont déclaré que les débris devaient venir d’une autre planète
21 (p. 177).
En ce qui concerne les nombreux témoignages de ceux qui prétendent
avoir vu des extraterrestres, des critiques ont identifié les problèmes
avec ce type de témoignage, allant de la question de la fiabilité d’un
témoignage indirect (Pappy Henderson, General Exon, etc.), aux plus
sérieuses questions de crédibilité avec des témoins qui font des
déclarations objectivement fausses ou bien des déclarations multiples et
contradictoires (Gerald Anderson, Glenn Dennis, Frank Kaufmann, Jim
Ragsdale), ou bien encore des confessions sur le lit de mort et des
témoignages de personnes âgées et facilement désorientées (Maj. Edwin
Easley, Lewis Rickett)
13 (ch.3).
Pflock, dans une publication de 2001, note que seules quatre
personnes étant directement entrées en contact avec les corps
extraterrestres ont été interviewées et identifiées par les auteurs sur
Roswell : Frank Kaufmann, Jim Ragsdale, Lt. Col. Albert Lovejoy Duran,
Gerald Anderson
21 (p. 118). Duran n’est mentionné que dans une note brève dans
The Truth About the UFO Crash at Roswell, alors que, pour les autres, leur crédibilité pouvait être mise en cause, selon Pflock.
De plus, Pflock souligne que certains auteurs adhèrent à des
témoignages qui ne conviennent pas aux scénarios qu’ils soutiennent.
Frankie Rowe, par exemple, affirme plusieurs fois que son père, pompier,
et son équipe ont été appelés sur le site d’un crash extraterrestre.
Mais le même livre adopte d’autres récits qui décrivent une opération
militaire top-secrète. « « Ces récits » font
partie d'une approche du style « faire toutes les suppositions et voir
celles qui marchent le mieux » (p.63) ».
Le premier problème avec tous ces témoignages, accusent les
critiques, est qu’ils arrivent tous au moins trente-et-un ans après les
évènements en question, et dans la plupart des cas, sont racontés plus
de quarante ans après les faits. Non seulement les souvenirs aussi
anciens sont d’une fiabilité douteuse, affirment les critiques, mais ils
sont également influencés par les autres récits (cf.
faux souvenirs induits)
3.
Finalement, les récits variables de Jesse Marcel, dont les soupçons
concernant le fait que ce qu’il avait récupéré en 1947 n’était « pas de
ce monde » avaient à l’origine éveillé l’intérêt pour l’incident, et
ceux de Bill Brazel Jr, dont le père avait découvert les débris au ranch
Foster, ont jeté de sérieux doutes sur la fiabilité de leurs
déclarations.
Timothy Printy souligne
22 que Marcel avait clairement identifié les pièces avec lesquelles il
apparaissait sur les photos prises à Fort Worth comme des morceaux qu’il
avait récupérés, des débris sur lesquels les sceptiques et les
défenseurs pro-OVNI s’accordent à dire qu’il s’agissait d’un ballon.
« En fait », dit Marcel dans
The Roswell Incident, « ces
pièces peuvent ressembler à de l’aluminium et du balsa, [emphase dans
le texte original], mais la ressemblance s’arrête là ». Et, « ils
ont pris une photo de moi au sol en train de porter des débris
métalliques parmi les moins intéressants… Le matériel sur cette photo
provenait bien de ce que nous avions trouvé. Ce n’était pas une mise en
scène »
12.
Après qu’il lui eut été précisé que le matériel avec lequel il avait
posé était des pièces d’un ballon, il modifia son histoire pour dire que
ce matériel n’était pas celui qu’il avait découvert
9.
Des sceptiques comme Robert G. Todd argumentent que Marcel a embelli
et exagéré son histoire, en affirmant par exemple avoir été pilote et
avoir reçu cinq médailles de l’Air Force pour avoir descendu des avions
ennemis, histoires qui se sont révélées fausses et son récit constamment
modifié sur Roswell en est un autre exemple
23.
Comme Marcel, Bill Brazel Jr. est coupable d’avoir embelli son récit original, accuse Printy
24. Comme Marcel, il ne fait à l’origine aucune mention des trous dans le sol mentionnés par la suite par d’autres personnes
12.
Mais à mesure que se répandent des histoires au sujet de trous profonds
où ont été récupérés les extraterrestres et leur vaisseau, les récits
de Brazel changent si bien qu’à la fin des années 1980 il affirme : « Cette chose avait laissé une trace assez importante ici. Il a fallu un an ou deux pour que l’herbe revienne
15 ».
Des témoins qui n'ont jamais existéLe journaliste Paul Mc Carty a enquêté pour le magazine
Omni et a recherché l'énigmatique infirmière témoin de l'autopsie
d'extraterrestre. Cette infirmière n'a jamais existé. Son enquête
confirme le second rapport de l'U.S.Air Force
25,26 Schisme dans la communauté ufologueAvec la publication de
The Truth About the UFO Crash at Roswell en 1994, une rupture importante s’est opérée au sein de la communauté
ufologue sur le réel enchaînement des évènements et la localisation
exacte des sites des crashs extraterrestres
27(p. 24). Le
Center for UFO Studies (CUFOS) et le
Mutual UFO Network (en) (MUFON), deux sociétés connues en ufologie, étaient tellement en
désaccord sur les différents scénarios présentés par Randle/Schmitt et
Friedman/Berliner que plusieurs conférences ont été menées pour résoudre
ces conflits. Un des problèmes discutés était où, précisément, était
Barnett quand il a, selon ses dires, vu le vaisseau extraterrestre. En
1992, une conférence a essayé d’obtenir un consensus sur les différents
scénarios tels que présentés dans
Crash at Corona et
UFO Crash at Roswell, mais la publication de
The Truth About the UFO Crash at Roswell en 1994 a « résolu » la question Barnett simplement en l’ignorant et
ils fixèrent une nouvelle localisation géographique pour la récupération
du vaisseau extraterrestre et mentionnèrent un nouveau groupe
d’archéologues n’ayant aucun rapport avec ceux mentionnés dans
l’histoire de Barnett
27(p. 25).
Ce désaccord fondamental sur la localisation des présumés sites de crash est toujours d’actualité dans la communauté ufologue.
L'Air Force affirme qu'il n'y eut ni ovni ni extraterrestre à Roswell
Les rapports de l'Air Force sur l'incident de l'OVNI à RoswellAu milieu des années 1990, les
États-Unis ont publié deux rapports concernant, d'une part, les débris trouvés et
sur lesquels des communications ont été faites en 1947 et, d'autre part,
les communications faites sur la récupération des extraterrestres. Le
rapport de l'Air Force a constitué la base de la réponse des
sceptiques aux auteurs qui traitaient de la récupération des extraterrestres, bien que des chercheurs sceptiques tels
Philip J. Klass et Robert Todd avaient déjà publié des articles qui insinuaient le
doute sur les témoignages sur les extraterrestres des années avant que
l'Air Force ne publie ses conclusions.
Le premier rapport de L'U.S.Air ForceLe premier rapport, paru en 1995, conclut que les débris retrouvés en
1947 provenaient bien d'un programme gouvernemental secret appelé
Projet Mogul consistant au lâcher de grappes de ballons atmosphériques d'espionnage des expériences nucléaires soviétiques
31.
Il identifie les débris comme provenant d'une expérience
gouvernementale top secrète appelée le projet Mogul, qui consistait en
des réseaux de ballons transportant des microphones et des émetteurs
radioélectriques pour détecter les tests nucléaires et les missiles
antibalistiques de l'
Union soviétique.
Le second rapport ou rapport final de l'U.S.Air ForceLe second rapport intitulé "The Roswell Report : Case Closed", paru
en 1997, constitue l'explication finale et définitive de l'incident de
Roswell par les militaires
32. Pour expliquer la rumeur de "cadavres d'extraterrestres", le rapport fait état du parachutage de mannequins
anthropomorphiques lors de programmes militaires menés dans les années cinquante tels que
l'opération High Dive et dont la récupération a été vue par des témoins
oculaires. Il conclut que les témoignages concernant la récupération de
cadavres extraterrestres provenaient vraisemblablement de rapports
détournés d'accidents militaires impliquant des blessés et des morts.
Pour l'Air Force, les témoins ont été victimes d'un phénomène de
"compression temporelle", en associant des événements ayant eu lieu
après 1953 à ceux de 1947. Le second rapport souligne que les
témoignages de cadavres d'extraterrestres ont surgi à la fin des années
soixante-dix, plus de trente ans après les faits
32L'enquêteur principal de l'Air Force, James Mc Andrew, a mis en
évidence de sérieuses lacunes dans les témoignages. Certaines personnes
soi-disant impliquées dans la récupération de "cadavres
d'extraterrestres" ne l'étaient pas. Et d'autres, présents à la base de
Roswell, confirment qu'il n'y eut ni ovni ni extraterrestre à Roswell
32Le lancement de sondes martiennes, de forme circulaire, dans les
années 1966-67 et 1972, depuis le Roswell Army Air Field, a pu générer
des « témoignages distordus » toujours selon le second rapport
32 Les documents militaires de 1948Suite à une requête de l'ufologue
William LaParl, dans le cadre du
FOIA (Freedom of Information Act), près de 300 pages ont été rendues
publiques, dont les minutes d'une réunion du comité scientifique de
l'Air Force des 17 et 18 mars 1948. Howard Mc Coy, chef du renseignement
de l'
Air Materiel Command à la base aérienne de
Wright-Patterson dit notamment
33 :
« Nous avons un nouveau projet (le projet Sign) qui,...,fait suite à
ce que l'on avait appelé "l'hystérie collective" de l'été dernier,
lorsque nous avons eu tous ces objets volants non identifiés ou
disques.(...) Si vous saviez ce que nous serions prêts à donner pour que
l'une de ces choses s'écrase quelque part, que nous puissions voir de
quoi elles sont faites. »
C'est à Wright-Patterson que serait emporté la carcasse de n'importe
quel engin ennemi, russe ou alien. Howard Mc Coy aurait été au courant
si un engin alien s'était écrasé à Roswell
33Le colonel Mc Coy adressa le 8 novembre 1948 un communiqué au major
C.P.Cabell, directeur du renseignement de l'Air Force, et mentionna à
trois reprises qu'il n'existe aucune preuve physique d'un crash de
soucoupe volante. Le 23 septembre 1947, le lieutenant général Nathan
Twining adressa un courrier au brigadier général George Schulgen,
officier des services de renseignement au Pentagone, qui fait référence à
la collaboration entre le Génie et les services de renseignements à
Wright Field et Patterson, de manière à découvrir la nature des
mystérieux objets volants
33. Selon Kent Jeffrey : « si
le génie possédait une épave de soucoupe, non seulement les services de
renseignement l'auraient su, mais ils en auraient été impliqués de bout
en bout dans l'analyse de l'épave et dans l'évaluation de la menace que
celle-ci pouvait représenter pour la sécurité nationale
33 »
Le rapport du G.A.O.Steven Schiff, sénateur du Nouveau Mexique, demanda des explications à l'
Air Force qui renvoya aux Archives Nationales. L'incident de Roswell ne figure ni dans le
Livre Bleu ni dans le
rapport Condon. Soupçonnant une dissimulation, il demande au
Congrès des États-Unis, le
General Accounting Office ou GAO (organisation de surveillance appartenant au Congrès) de conduire une enquête interne
34.
Le rapport du GAO indique que le débat sur ce qui s'est réellement
produit à Roswell continue et précise que tous les documents
administratifs de la seule base de bombardiers atomiques des États-Unis
entre mars 1945 et décembre 1949 ont été détruits ainsi que tous les
messages radio envoyés par la base d'octobre 1946 à février 1949. Le
G.A.O. insiste sur le fait que les archives détruites couvraient une
période beaucoup plus étendue que celle de Roswell et donc que celle-ci
ne peut être invoquée comme raison de la destruction
35. Interrogé sur la question, Steve Schiff admet que ces archives n'ont pas disparu à cause de Roswell
35 L'analyse des sceptiques Le point de vue des sociologuesPendant que les livres publiés dans les années 1990 suggéraient que
l'incident de Roswell était autre chose que la simple récupération d'un
ballon météo, les sceptiques, et même quelques
socio-anthropologues27,
considéraient à l'inverse que le nombre grandissant de témoignages
élaborés était une preuve de la construction d'un mythe. Après la sortie
du rapport de l'Air Force au milieu des années 1990, de nombreux
livres, comme celui de Kal K. Korff's
The Roswell UFO Crash: What They Don't Want You To Know publié en 1997, se sont basés sur les preuves présentées dans ces rapports pour conclure qu'« il n'y pas de preuve crédible que les restes d'un vaisseau spatial extraterrestre étaient impliqués. »
36. Ken Jeffrey, pilote de ligne, à l'origine de la "Déclaration de Roswell"
37, publia dans le
MUFON UFO Journal un article détaillé qui provoque une avalanche de protestations parmi les lecteurs partisans de la
théorie du complot33. En France, le sociologue
Pierre Lagrange publie aux éditions La Découverte : "La rumeur de Roswell" au titre
évocateur, reprenant l'analyse de toute l'affaire depuis le contexte de
guerre froide jusqu'au film de l'autopsie de mannequins en latex
38Curtis Peebles39,
spécialiste de l'histoire de l'aviation militaire, a analysé les sites
d'accident d'avion et les a comparé avec les informations sur roswell
40.
La comparaison avec un crash d'avionCurtis Peebles a visité différents sites de crash d'avion et les a
comparé avec Roswell. L'impact d'un avion sur le sol crée un cratère.
S'il explose, le sol est brûlé, et même cinquante ans plus tard, il n'y a
pas de vie végétale significative. L'U.S. Air Force ramasse parfois les
débris ou alors les enterre dans un trou créé au bulldozer
40.
Même dans le cas d'équipements secrets (ce fut le cas le 22 mai 1957,
où un bombardier B-36 largua par erreur une bombe atomique non armée
MK-17), il reste toujours des fragments sur une zone importante aux
alentours du point d'impact
40Et à Roswell, aucun cratère, aucune végétation brûlée, aucun appareil
technologique. Seulement des baguettes en balsa et des débris
d'aluminium correspondant à une cible de ballon
Mogul40 L'arnaque du détecteur de pétrole et la création du mytheLe 8 juillet 1947, une première dépêche de presse annonce que la base
de Roswell a récupéré une de ces "fameuses soucoupes volantes".
Quelques heures plus tard, une seconde dépêche de presse annonce que
l'objet qui avait atterri était un ballon-sonde
35En 1950, Frank Scully écrit un ouvrage à sensation où il affirme que
d'après d'éminents scientifiques, qu'il ne nomme pas, des soucoupes
volantes se sont écrasées
35. Le journaliste
Donald Keyhoe analysa cette affaire et conclut au canular. Après enquête fouillée,
J.P.Kahn révéla que les deux fameux scientifiques étaient en réalité
deux escrocs notoires déjà condamnés, Newton et Gebauer
41,20. Selon
Karl Pflock, l'ouvrage de Corso
The Day After Roswell n'est qu'un remake de l'affaire du détecteur de pétrole, orchestré par ces deux escrocs américains, Newton et Gebauer
42. Ces deux escrocs racontent l'histoire d'une soucoupe prétendument écrasée près d'Aztec au
Nouveau-Mexique en mars 1948. Les seize "extraterrestres" retrouvés morts auraient été
récupérés puis transportés ailleurs par l'U.S.Air Force. Et la
technologie alien aurait permis la fabrication d'un engin "détecteur de
pétrole"
43,20Trente ans plus tard en 1977, Léonard Stringfield écrit un autre
ouvrage à sensation où il relate des crashs d'ovnis. Les témoins sont le
plus souvent anonymes. En 1978, des ufologues rencontrent Jesse Marcel
qui prétend que les débris ont été échangés et qu'il y a eu
dissimulation. À partir de 1980, paraissent des ouvrages à sensation
reprenant l'idée d'un
complot35.
Les hommes du 509eEn septembre 1996, Kent Jeffrey rencontre des militaires ayant appartenu au 509
e groupe de bombardement basé à Roswell. Plusieurs pilotes lui affirmèrent « que l'histoire de la soucoupe écrasée n'était jamais arrivée ».
Il n'eut pas l'impression que ces hommes participaient à une
gigantesque opération de dissimulation, et cela près de cinquante ans
plus tard. Il rapporte que ces hommes appartenaient à une unité d'élite,
la seule à l'époque à posséder l'arme nucléaire, et qu'ils ressentent
comme une injure à leur égard ces « histoires de conspiration » et ces « absurdités au sujet d'une soucoupe écrasée »
33.
Les expériences militaires de 1947 comme base des rapports sur les « soucoupes volantes »En 1947, les
États-Unis entamaient les premières étapes de la
Guerre froide avec l’
Union soviétique ;
furent donc mis en place de nombreux programmes militaires secrets pour
espionner les Soviétiques, et plus précisément leurs programmes
nucléaires. L’une des expériences qui furent menées à l’époque dans le
Nouveau-Mexique sous l'égide de la New York University (NYU) était le
Projet Mogul, destiné à détecter les essais nucléaires soviétiques grâce
à l’envoi en haute altitude de grappes ou de trains de 20 à 30 ballons
météo attachés à une ligne centrale portant quelques instruments et 2 à 3
cibles radar pour un poids total de 55 livres. Ces ballons en néoprène
standard puis en polyéthylène gonflés à l'hélium étaient envoyés en
haute altitude depuis la base
Alamogordo dans le Nouveau-Mexique. Ainsi assemblés ils transportaient 2 cibles
radar pesant une centaine de grammes en papier d'aluminium collées avec
du papier adhésif sur des baguettes de balsa, puis ils retombaient au
bout de quelques heures de vol dans un rayon d'une centaine de
kilomètres de leur base de lancement selon les vents. En juin et juillet
1947, 6 lancers de ballons Mogul furent réalisés avant la découverte de
Brazel. Tous les trains de ballons furent récupérés sauf deux : le vol n
o 4 du 4 juin et le vol n
o 9 du 3 ou 4 juillet. On compte 853 rapports d'observations d'OVNI en juin et juillet
44. Certains, comme l’Air Force
45 (p. 3), ont supposé que la plupart de ces « soucoupes volantes » étaient en fait des ballons météo mal identifiés.
Les sceptiques, comme B. D. « Duke » Gildenberg, ont considéré
l’enchaînement des évènements tel que rapporté en 1947 comme correct :
un ballon météo ou un appareil similaire est découvert dans un ranch et
des personnes n’ayant jamais vu ce type d’appareil auparavant pensèrent
que c’était une de ces « soucoupes volantes » décrites dans les medias.
Quand les personnes qui connaissaient les expériences avec les ballons
et les équipements virent le matériel, la confusion fut dissipée et une
rectification a été publiée dans les medias
3.
Grâce aux rapports de l’Air Force décrivant précisément le Projet
Mogul et grâce aux reconstitutions de vols de cette expérience avec les
participants du projet, en particulier Charles B. Moore
27 (Ch.3), des critiques, tel Korff, ont suggéré que les témoins avaient en fait décrit des passages de cette expérience. « La
question est maintenant de savoir quel genre de soi-disant soucoupe
volante extraterrestre pourrait être construite avec des morceaux de
cerfs-volants, du ruban adhésif avec des symboles écrits dessus et des
feuilles d’aluminium. La réponse est probablement aucune, mais ce sont
précisément les matériaux principaux d’un appareil du Projet Mogul
13 (p.155). »
L'US Air Force et les sceptiques ont retenu comme probable d'abord le
vol de ballons Mogul en polyéthylène (matériau nouveau à l'époque), vol n
o 9
lancé le 3 ou le 4 juillet, avant de se rétracter car ces ballons ne
portaient aucune cible radar ou instrument susceptible d'expliquer le
témoignage erroné de Marcel et d'opter dans le rapport publié en 1994
pour le lancement de ballons Mogul en néoprène (matériau très commun),
vol n
o 4 du 4 juin
(dont on ne sait s'il transportait des cibles radar). Or d'après le
journal de l'ingénieur Albert Crary chargé de la réalisation pratique de
ces lancements de ballons Mogul le vol n
o 4 a été annulé à cause d'un ciel nuageux.
Certains livres pro-OVNI suggèrent que les militaires hautement
entraînés de la base de Roswell, Marcel particulièrement, ne pouvaient
pas confondre de communs débris de ballons avec quelque chose « qui n’est pas de ce monde ».
Ces débris étaient notamment constitués de feuilles d'aspect
métallique, extrêmement légères, fines et résistantes qu'on ne pouvait
couper, brûler ou déchirer et qui reprenaient leur forme initiale après
qu'on les a froissées. Pour Marcel ces matériaux ne pouvaient provenir
d'un ballon notamment en ce qui concerne un tissu d'aspect métallique
poreux. Todd
46 et le sceptique Timothy Printy soulignent également que le radar était
relativement nouveau en 1947 et que, bien que la base de Roswell fût la
seule base nucléaire sur la planète, elle n’était pas encore équipée de
radar. La description de certains débris par des témoins évoque du
matériel en rapport avec les radars
47.
Par ailleurs, les cibles radar propres à l’usage des séries de ballons
Mogul étaient nouvelles et n’étaient pas largement utilisées aux
États-Unis à l’époque
21 (p. 164). Cependant ces cibles étaient faites de matériaux très communs
(feuille d'aluminium, baguettes de balsa, ruban adhésif). Il n’y a pas
de preuve dans le dossier militaire de Jesse Marcel qu’il ait approché
du matériel utilisé dans les séries de ballons mais on peut supposer
bien évidemment qu'il aurait reconnu cependant des constituants aussi
banals. Étant donné qu’il a identifié du matériel qui s’est révélé être
un cerf-volant radar dans ce qu’il a retrouvé, les sceptiques pro Air
Force affirment qu’il a probablement dû être embarrassé d’admettre plus
tard qu’il ne connaissait pas ce type d’équipement. Il faut néanmoins
souligner que Marcel a récolté une très grande quantité de ces débris et
qu'il serait donc très étonnant qu'il ait pu confondre des morceaux de
néoprène du fil nylon du ruban adhésif à fleurs et des feuilles
d'aluminium éparpillés par le vent avec des débris si étranges qu'il
crut bon de s'arrêter à son domicile pour les montrer aux membres de sa
famille. De plus ces débris, très résistants, de différents types
étaient dispersés en centaines de fragments comme par une explosion sur
une surface d'un kilomètre de long et plus d'une centaine de mètres de
large selon Marcel, donc bien plus large que ce qu'auraient pu couvrir
les débris d'un train de ballons Mogul. Le général Arthur Exon, alors
stationné à White Field et soutenant la réalité de l'engin
extraterrestre, déclara à l'enquêteur Kevin Randle avoir, en juillet
1947, survolé le site et observé la zone de débris du ranch de Brazel et
un profond sillon dans le sol qui contredirait donc l'atterrissage en
douceur d'une grappe de ballons de 55 livres poussée par le vent.
Conclusions contradictoires et recherches discutablesLes critiques soulignent le fait que des événements appartenant à
divers prétendus crash d'ovnis sur un grand nombre d'années sont parfois
rassemblés en un seul événement
3 (p. 66) et que trop d'auteurs sans esprit critique adoptent n'importe
quel témoignage suggérant l'existence d'extraterrestre, et cela même
quand les rapports se contredisent. Karl Pflock, qui a été un ardent
défenseur de la thèse extraterrestre à Roswell, déclare : « Roswell est
un exemple classique de triomphe de la quantité sur la qualité. Les
partisans du crash d'une soucoupe volante... rassemblent tout ce qui
semble soutenir leur thèse et l'empilent dans le tiroir « preuves » en
disant « vous voyez, tout ce que nous avons là. Nous devons avoir
raison ! Peu importe les contradictions. Peu importe l'absence de faits
rapporté par des personnes neutres. Peu importe les absurdités »
21 (p. 223).
Kal Korff pense qu'il y a de bonnes raisons pour certains de
promouvoir la thèse extraterrestre à Roswell, alors que les chercheurs
ne font pas leur travail correctement : « Le domaine de l'ufologie est
constitué de personnes qui sont prêtes à tirer avantage de la crédulité
des autres, particulièrement parmi les gens qui peuvent rapporter de
l'argent. Le mythe de l'OVNI à Roswell a rapporté beaucoup d'argent aux
groupes ufologues, aux publicitaires, à Hollywood, à la ville de
Roswell, aux médias (...) à côté de ça, le nombre de chercheurs qui
utilisent les outils de la science et sa méthodologie est extrêmement
petit »
13 (p. 248).
Gildenberg calcule qu'en additionnant tous les témoignages, on arrivait à 11 sites différents du crash
3 et que toutes les informations mises bout à bout ne ressemblent que de
très loin au témoignage originel de 1947. Certains témoignages
pourraient même avoir été mélangés avec ceux de crash militaires qui
sont survenus par la suite dans la région entre 1948 et 1950
48.
Charles Ziegler soutient la thèse que l'incident de Roswell a toutes
les caractéristiques d'un conte populaire, un mythe moderne dans le sens
littéraire du terme
27 (p. 1,34). Il identifia six procédés narratifs distincts commençant
avec « l'incident de Roswell » en 1980, suivi de la transmission par des
conteurs qui façonnèrent l'histoire. Certains élaboraient autour de
l'histoire originale et parfois ceux qui avaient été les premiers
témoins finissaient par être rejetés par ceux qui devenaient les
gardiens de l'affaire. D'autre finissaient par raconter l'histoire
autrement et le processus reprenait. Tout en notant que certaines
croyances de la culture ufologue demeuraient intactes (« Le gouvernement
conspire et nous cache des informations sur le fait que les
extraterrrestres nous rendent visite »), d'autres croyances se
modifient, reflétant les changements du mouvement. Le fait que le
témoignage de Sheridan Cavitt ait été complètement occulté, lui qui
pensait que les débris n'étaient rien d'autre que des morceaux d'un
ballon météo, est une autre démonstration de la construction des mythes
qui passe par le rejet des informations dérangeantes.
Développements récents Des personnalités de la communauté ufologue changent de point de vue sur l’incidentUne des conséquences immédiates du rapport de l’Air Force sur
l’incident fut la décision de plusieurs personnalités de la communauté
ufologue de ne plus associer l’affaire à un vaisseau extraterrestre. Le
rapport est la cause principale de cette décision mais une autre raison
peut être trouvée dans la diffusion de documents secrets de 1948 qui
montraient que de hauts responsables de l’Air Force à l’époque ne
savaient pas ce qu’étaient vraiment les OVNI présentés dans les médias
et qu’ils soupçonnaient l’existence d’engins d’espionnage soviétiques.
En janvier 1997, Karl T. Pflock, un des plus importants partisans de
l’hypothèse extraterrestre, déclara : « À partir de mes recherches et
celles d’autres personnes, je n’ai aucune preuve absolue qu’une soucoupe
volante se soit écrasée dans la région de Roswell ou dans les plaines
de San Agustin en 1947. Les débris trouvés par Mac Brazel (…) sont des
morceaux de quelque chose de très terrestre, certainement quelque chose
en rapport avec le Projet Mogul (…) Les archives classifiées des
correspondances et conversations entre les responsables de l’Air Force
qui devaient enquêter sur cette affaire jusque dans les années 1950
montrent de manière limpide qu’ils n’avaient ni épave, ni cadavres
d’équipage, bien qu’ils aient cherché de telles preuves
49. »
Kent Jeffrey, qui avait organisé des pétitions à l’attention du Président
Bill Clinton afin de l’obliger à déclassifier les informations sur l’incident,
conclut de la même façon qu’il y avait peu de chance que des
extraterrestres aient été impliqués dans cette affaire
50,51.
Un autre auteur de premier plan, William L. Moore dit en 1997 :
« Après une étude attentive et approfondie des développements récents de
l’incident (…) je ne crois plus à l’explication extraterrestre pour cet
événement »
52. Moore était le co-auteur du premier ouvrage sur l’incident de Roswell.
Révélations de recherches douteuses et de canularsÀ peu près à la même époque, un conflit apparut entre deux auteurs
qui avaient écrit sur l’incident : Kenvin Randle et Donald Schmitt qui
étaient tous deux reconnus comme des figures majeures des enquêtes
civiles autour de l’affaire
53. Tout d’abord, le rapport de l’Air Force indiquait que certaines recherches prétendues n’avaient pas été faites
54,55.
Ensuite, Schmitt avait prétendu avoir une maîtrise et qu’il était en
train d’obtenir un doctorat en criminologie. Il prétendait également
être un illustrateur médical. Les recherches ont montré qu’il était en
fait coursier à Hartford dans le Wisconsin et n’avait aucun diplôme.
Randle prit donc publiquement ses distances avec Schmitt en l’accusant
d’être un mythomane
53.
Plusieurs témoins se sont révélés être des affabulateurs ou ont été
suspectés d’avoir diffusé des canulars. Frank Kaufmann, une source du
rapport sur les extraterrestres dans le livre de Randle et Schmitt en
1994, mais dont le témoignage avait été « ignoré » par l’Air Force
56 semble avoir créé de toutes pièces certains documents et avoir grossi
son rôle à Roswell. Randle rejeta officiellement ces témoignages dans un
article de 2002
57.
Glenn Dennis, qui avait déclaré que des autopsies avaient eu lieu à
la base de Roswell et qu’il aurait été victime de menaces, a été
présenté comme un des témoins « les moins crédibles » par Randle en
1998, alors que son témoignage avait été mis en avant dans son livre
écrit avec Schmitt
58 Affirmations récentes
- En 2002, une chaîne de science-fiction (Sci-fi channel) finança des
fouilles sur le site de Brazel dans l’espoir de découvrir des débris que
les militaires n’auraient pas trouvés.
- En octobre 2007, alors candidat aux élections présidentielles,
Richardson s’expliqua sur sa demande de publication des dossiers du
gouvernement sur l’incident de Roswell en disant que lorsqu’il était au
congrès, il avait tenté d’obtenir des informations mais qu’il s’était vu
répondre de la part du ministère américain de la défense et du
laboratoire de Los Alamos que l’information était classifiée. « Cela m’a
intrigué, dit-il, le gouvernement ne dit pas la vérité autant qu’il le
devrait et sur de nombreux sujets ». Il promit de faire publier les
dossiers s’il était élu59,60,61.
- En février 2005, ABC diffusa une émission spéciale sur les OVNI dont l’animateur était Peter Jennings.
Jennings présenta le cas de Roswell comme un « mythe (…) sans le
moindre soupçon de preuve ». ABC avait accepté l’explication de l’Air
Force que l’incident n’était que la conséquence de la chute d’un
ballon-sonde du projet Mogul.
- En juillet 2008, dans une interview donnée à Kerrang Radio,
l'astronaute Edgar Mitchell déclare que le crash de Roswell a bien eu
lieu selon lui et que les autorités US ont utilisé la technologie
extraterrestre et dissimulé pendant 60 ans la réalité du phénomène.
- le 12 juillet 2012, un ancien agent de la CIA prétend avoir
découvert au milieu des années 1990, dans les archives de la CIA un
dossier secret sur l'affaire Roswell avec des photographies qui
attesteraient de la présence d'un OVNI sur cette zone62.