Lutte contre la pauvreté
Extrême pauvreté
L’extrême pauvreté est un phénomène qui affecte une part importante de l’humanité. On estime que 800 millions de personnes survivent aujourd’hui avec des revenus inférieurs au minimum vital, soit 1 $US par jour. La pauvreté entraîne souvent l’exclusion sociale. Et l’extrême pauvreté affecte en outre des proportions variables, mais jamais négligeables, de toutes les sociétés, y compris dans les pays industrialisés, où le seuil de survie est très supérieur à ce critère.
L’article 25 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme stipule que « toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l’alimentation, l’habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires, et qu’elle a droit à la sécurité en cas de chômage, de maladie, d’invalidité, de veuvage, de vieillesse ou dans les autres cas de perte de ses moyens de subsistance par suite de circonstances indépendantes de sa volonté ». Le Pacte des droits économiques, sociaux et culturels de 1966 reconnaît, en des termes voisins, « le droit de toute personne à un niveau de vie suffisant pour elle-même et sa famille, y compris une nourriture, un vêtement et un logement suffisants », y ajoutant « le droit fondamental qu’a toute personne d’être à l’abri de la faim » (article 11).
La France joue un rôle particulièrement actif, au sein de la Communauté internationale, dans la lutte contre la pauvreté. Membre du conseil d’administration de la Banque mondiale qui, depuis la fin des années 1990, a imposé ce combat comme l’un des principaux objectifs de la coopération internationale, elle participe à sa réalisation au travers de sa politique d’aide au développement à laquelle elle consacre la proportion la plus importante de sa richesse nationale parmi les pays membres du G8. La France consacre plus de 40 % de son aide publique au développement à des projets réalisés sur le continent où la proportion de pauvres est la plus importante, l’Afrique.
La France promeut aussi avec insistance l’idée que les ressources internationales affectées à la lutte contre la pauvreté, insuffisantes, doivent être doublées pour atteindre les Objectifs de Développement du Millénaire arrêtés dans le cadre de la Déclaration sur le Millénaire en 2000 par l’Assemblée Générale des Nations Unies. Pour cela, des mécanismes inventifs de taxation internationale doivent être mis en œuvre qui garantissent des moyens réguliers et pérennes à la lutte contre la pauvreté. Elle est ainsi à l’origine de l’idée d’expérimenter, dans un premier temps, un prélèvement sur les billets d’avion pour l’affecter à la lutte contre la pandémie du SIDA.
La société civile française est particulièrement mobilisée dans le combat contre l’extrême pauvreté. L’appel de l’Abbé Pierre, en 1954, a été le point de départ d’une intense activité associative qui s’est traduite notamment par la création de la Communauté d’Emmaüs, ONG qui a essaimé au niveau international. ATD-Quart Monde, fondée par le Père Wrezinski, a mobilisé les pouvoirs publics français sur la lutte contre les précarités extrêmes et leurs engrenages (rapport du Conseil économique et social datant de 1987 sur « Grande pauvreté et précarité »).
À L’initiative de la France, la Déclaration et le Programme d’action de Vienne adoptés en juin 1993 par la Conférence mondiale sur les droits de l’Homme ont souligné que l’extrême pauvreté et l’exclusion sont des atteintes à la dignité humaine.
La Déclaration de Copenhague sur le développement social et le Programme d’action du Sommet mondial pour le développement social, tenu en mars 1995, le Sommet mondial pour le développement durable, tenu à Johannesburg (Afrique du Sud) en septembre 2002, ainsi que la Déclaration adoptée en février 2005 à l’occasion du dixième anniversaire du Sommet mondial pour le développement social, ont réaffirmé, pour cette raison, que la lutte contre l’extrême pauvreté doit demeurer une action hautement prioritaire pour la communauté internationale.
La résolution sur les droits de l’Homme et l’extrême pauvreté adoptée chaque année par la Commission des droits de l’Homme des Nations Unies est une initiative française visant à maintenir la vigilance de la communauté internationale sur l’extrême pauvreté, et l’indivisibilité des droits : au delà de la faim et du dénuement, elle pose la question du non exercice par les plus pauvres de leurs droits civils e tpolitiques. Cette résolution a été adoptée à l’unanimité lors de la 61e session, le 14 avril 2005.
Le ministère des Affaires étrangères soutient le programme d’action d’ATD Quart Monde qui vise à renforcer la prise en compte internationale des droits de l’Homme dans le contexte de la lutte contre l’extrême pauvreté aux niveaux éthique, juridique et citoyen (septembre 2005 à décembre 2006). Il s’agit de permettre à des personnes très défavorisées d’être consultées dans le cadre du mandat de la Sous-commission des droits de l’Homme sur l’extrême pauvreté et d’amplifier l’impact de la journée mondiale du refus de la misère instituée à l’initiative d’ATD Quart Monde, le 17 octobre de chaque année.
La Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme (CNCDH), institution indépendante qui rassemble les différentes composantes de la société civile française concernées par la problématique des droits de l’Homme a récemment consacré des travaux importants au thème des conséquences de l’extrême pauvreté sur ceux-ci, débouchant sur un « avis sur l’indivisibilité des droits face aux situations de précarisation et d’exclusion » adressé au Premier ministre le 23 juin 2005.