Communication parents/ados: Restons branchés!
Francine Boucher et Denise Martel
Source: L’Équilibriste, vol.4 No 9.
En tant que parent d’adolescent, il vous arrive sûrement de vous sentir dépassé par les événements, de vous demander si vous êtes un bon parent ou tout simplement de vous poser des questions sur votre équilibre mental. En effet, maintenir une bonne communication avec un ado n’est pas toujours de tout repos.
Qu’est-ce qu’un adolescent?
Un adolescent est une fille ou un garçon âgé(e) entre 12 et 18 ans. On peut parler de pré-adolescence pour ceux et celles dont l’âge se situe entre 9 et 11 ans et de post-adolescence pour les 19-25 ans. En plus, de développer les aptitudes pour combler les besoins élémentaires (nourriture, logement, hygiène), le jeune doit acquérir plusieurs habiletés pour trouver sa place dans le monde de demain.
Qu’est-ce qu’un parent d’adolescent?
On peut difficilement dresser un portrait type du parent d’adolescent. Néanmoins, on sait que c’est un homme ou une femme, âgé(e) entre 35 et 45 ans, qui est à l’apogée de sa vie tant économique, sexuelle, que sociale. Bien qu’il ait déjà une douzaine d’années d’expériences dans le «métier» de parent, le parent d’adolescent se sent troublé face aux changements qu’il doit apporter dans ses rapports avec son adolescent.
Ce qui se passe dans l’adolescence
En entrant de plein pied dans l’adolescence, le jeune se trouve projeté au coeur de ce qu’on peut appeler une «tempête développementale». En effet, durant un laps de temps variant de six à sept ans, celui-ci voit son corps se développer, acquérir les caractéristiques de son sexe et commencer à ressentir les pulsions sexuelles avec lesquelles il doit composer. Ses capacités intellectuelles s’accroissent de 30% et son sens critique se développe grâce à l’apparition de la pensée formelle qui permet de raisonner de façon abstraite. Avec cette nouvelle aptitude, le jeune peut porter un regard plus critique sur le monde des adultes et il ne s’en prive pas! C’est à ce moment que l’adolescent commence à «dé-idéaliser» son parent en se permettant de souligner les contradictions entre ce que celui-ci dit et ce qu’il fait: «Tu me dis de ramasser mes affaires, mais toi tu ne le fais pas!» Période difficile pour le parent mais nécessaire afin que son jeune puisse créer sa propre personnalité.
Émotionnellement, l’adolescent veut créer sa propre intimité où les amis prendront de plus en plus d’importance tandis qu’il se distanciera graduellement de son parent. «Petits mots d’amour» et gestes affectueux n’ont plus leur place en public et les parents ne reçoivent plus ses confidences. Les modifications physiologiques propres à la puberté s’accompagnent du choc de la «grande injustice» et ce n’est pas toujours facile d’accepter que ses parents soient à l’origine de ces traits physiques peu désirables: nez busqué, menton proéminent, oreilles en «porte de grange». D’un côté, l’adolescent petit et malingre regarde avec envie ses amis plus grands et plus forts, image qu’il associe au prestige et à la popularité. D’un autre côté, l’adolescente «précoce» vit l’envers de la médaille alors qu’elle a souvent à subir une convoitise sexuelle à laquelle elle n’est pas encore prête à répondre. De plus, elle a tendance à développer une image négative d’elle-même à mesure qu’elle s’éloigne de l’idéal «minceur».
Particularité de la communication parent / adolescent
La communication parent / adolescent est très particulière en raison des nombreux éléments dont vous devez tenir compte dans votre façon de communiquer. Dans un premier temps, cette forme de communication met en présence des gens qui partagent un lien de sang et qui vivent ensemble tous les jours depuis au moins dix ans. La durée de cette intimité fait en sorte que les deux parties ont moins tendance à prendre des précautions pour se respecter mutuellement et, qu’en cas de conflit, on pourra facilement faire allusion à des événements passés pour blesser l’autre. Le rôle de chacun doit être bien défini: le parent est un modèle, un leader et un guide alors que le jeune doit accepter qu’il n’y ait qu’un chef et chercher à profiter de l’expérience de son parent. En tant que parent, nous devons toujours avoir en mémoire qu’il est normal que notre relation avec notre jeune ait des hauts et des bas en raison des ajustements indispensables aux changements qui surviennent durant l’adolescence.
L’ABC de la communication
La communication est le moyen utilisé par un émetteur pour faire connaître ses idées et ses sentiments à un récepteur qui, à son tour, deviendra émetteur pour lui transmettre sa réponse. Or, lorsqu’on se retrouve au coeur d’un conflit parce que l’on s’est mal exprimé ou que l’on a mal compris un message, on s’aperçoit bien vite que l’art de communiquer n’est pas aussi simple qu’il en a l’air! En fait, lorsque l’on devient parent d’adolescent, il semble que cela vaille la peine de réviser nos notions sur la façon de communiquer avec notre ado. Voici quelques principes qu’il serait intéressant d’appliquer:
Tenir compte que notre adolescent est différent de nous et le respecter comme une personne à part entière.
Utiliser un langage accessible avec des mots qui ont la même signification pour notre ado et nous même.
Prendre le temps d’expliquer clairement nos idées à notre jeune, de vérifier s’il a bien compris et de corriger le message s’il y a eu distorsion. Soyons patient! Notre ado traverse une phase de son évolution où il cherche à développer ses propres idées.
Des obstacles à la communication
Une bonne communication implique une ouverture de la part des deux parties en cause. Cependant, il arrive parfois que certaines attitudes, tant du côté du parent que de l’adolescent, deviennent des obstacles à la communication. En effet, un adolescent peut trouver irritant d’être toujours aux ordres d’un parent gendarme, d’écouter les longs sermons d’un parent prêcheur, de se faire ridiculiser et rabaisser par un parent cynique ou juger par un parent critique. Par contre, le parent a parfois à faire face à certaines attitudes de la part de son jeune qui peuvent être une entrave à la communication. En effet, celui-ci trouve parfois agaçant de se retrouver face à un adolescent renfermé qui ne lui répond que par monosyllabes, à un adolescent hypersensible dont les réactions sont démesurées par rapport à la nature des échanges ou à un adolescent qui ne l’écoute pas mais qui dit tout comprendre.
En tant qu’adulte et guide, c’est au parent d’améliorer la communication en faisant en sorte de changer ses mauvaises attitudes. Au lieu de donner un ordre: «Tu rentres à dix heures ce soir!», il peut poser une question: «À quelle heure penses-tu entrer ce soir?» Il doit éviter de faire des commentaires comme s’il avait le droit de tout juger et de ne pas céder au désir de blesser son jeune en l’humiliant devant les autres. Le parent peut apprivoiser son adolescent renfermé en passant tout simplement plus de temps avec lui et ce, tout en tenant compte que ce dernier est à construire son monde intime. Face à son adolescent hypersensible, le parent peut s’annoncer davantage en frappant à sa porte ou en lui demandant: «Puis-je te parler de...?» afin de lui laisser le temps de se préparer à l’entendre. De même, le parent ira tout de suite à l’essentiel, en évitant les détails, avec un message clair pour être certain d’être bien compris de son ado qui ne l’écoute pas.
Règles à respecter en cas de conflit
De la même façon qu’il existe des conventions en vigueur lors des guerres, il y a des règles à respecter en cas de conflit parent/ adolescent afin de solutionner le problème et d’éviter une coupure dans la communication.
Choisissez le moment et le lieu propices pour discuter du problème.
Respectez-vous mutuellement.
Transmettez un message clair.
Contrôlez vos émotions.
Recherchez une situation sans gagnant ni perdant.
Réfléchissez avant de décider.
Bibliographie:
CLOUTIER, Richard (1994), Mieux vivre avec nos adolescents, Éditions Le Jour, Montréal, 170 pages.
LEDUC, Claire (1994), Le parent entraîneur, Les éditions Logiques, 222 pages.