Dans quelques mois ou quelques années, le temps que l'organisation valide ces dossiers, il sera désormais possible que certains sites internet se terminent aussi bien en .Paris ou .FMI (ou sa traduction en anglais .IMF).
Cet élargissement, controversé, est rendu nécessaire par l'explosion du nombre d'internautes, à deux milliards de personnes dans le monde dont la moitié en Asie, a fait valoir l'Icann.
"C'est vraiment un moment historique pour l'internet", souligne Bhavin Turakhia, patron de la société d'hébergement Directi, qui a demandé l'enregistrement de 31 suffixes de noms de domaines, comme .web et .music. "Toutes les options intéressantes seront prises après cela", estime-t-il.
L'Icann a certes promis qu'il y aurait d'autres occasions d'acheter de nouveaux noms de domaine, mais M. Turakhia est de ceux qui sont persuadés que les suffixes les plus rentables seront adjugés lors de cette première session.
La société ICM Registry, qui gère déjà le nom de domaine générique .xxx, a réclamé cette fois-ci les suffixes .sex, .porn et .adult.
Directi, dont le siège est à Dubaï, a dépensé une trentaine de millions de dollars pour se réserver .law, .bank et .doctor.
Les sociétés qui obtiendront les droits sur certains suffixes pourront ensuite percevoir des commissions annuelles des sociétés gérant des noms de domaine se terminant de cette façon. Ces commissions s'élèvent parfois à 10 dollars seulement, mais peuvent aussi rapporter bien plus pour des adresses prestigieuses.
La société de sécurité internet Artemis, dont le siège est à San Francisco, a réclamé le suffixe .secure, qui imposera aux sites s'en servant d'utiliser des outils antipiratages, antivirus et antifraude.
"Même si vous êtes en Syrie, le gouvernement syrien ne pourra pas prendre le contrôle" des sites se terminant en .secure, assure le directeur technique d'Artemis Alex Stamos.
Après la publication des noms de domaine génériques proposés s'ouvrira une période d'enquête publique où l'Icann pourra examiner des objections, par exemple contre des noms de domaine pouvant prêter à confusion avec d'autres.
Si plusieurs entités réclament le même suffixe, des enchères s'ouvriront.
En l'absence d'objections, il pourrait suffire de neuf mois pour mettre en place de nouveaux suffixes, mais un an ou deux pourraient être nécessaires pour des noms de domaines contestés.
Le processus de l'Icann a été critiqué, notamment parce qu'il a obligé des entreprises ou associations à dépenser cher pour s'assurer le contrôle de noms de domaine génériques dans le seul but d'éviter qu'ils soient détournés - ce qu'ont déjà fait de nombreuses universités, par exemple.
D'autres craignent que certains pays bannissent des catégories entières de sites internet sur la base de leur suffixe, créant un risque de "balkanisation" de l'internet.