Tucker est en pleine action. Il a été dressé pour indiquer la position d'excréments d'orque afin qu'ils puissent être prélevés. Le chien ne va jamais à l'eau. Il est tenu en laisse par l'auteur principal de l'étude, Katherine Ayres. © Jeanne Hyde
Un chien renifleur d’excréments d’orque
L’étape critique de l’étude consistait à trouver des fèces d’un Orcinus orca, un animal passant 90 % de sa vie sous l’eau. La solution adoptée est surprenante. Le bateau de recherche a été équipé d’un… chien, un labrador nommé Tucker, dressé pour sentir les odeurs des excréments d’épaulard à plus d’un kilomètre et demi. Il s’agirait d’une première mondiale dans ce domaine. Les taux de glucocorticoïdes et de l’hormone thyroïde présents au sein de ces fèces ont alors été mesurés.
Les glucocorticoïdes (GC) sont libérés immédiatement en présence d’un stress, comme un manque de nourriture ou l’existence d’un danger. Leur taux a tendance à augmenter en présence des bateaux de whale-watching, mais il a rapidement diminué lors de l’arrivée des saumons Oncorhynchus tshawytscha, vers la fin du printemps, alors que le nombre de bateaux augmentait, l’été approchant.
L’hormone thyroïde (T3) régule le métabolisme de l’animal, notamment en fonction de la nourriture disponible. Sa réponse n’est pas directe, elle a besoin de temps pour s’exprimer. Or son taux n’a augmenté qu’en présence de poissons. Les analyses ont en plus démontré que les orques avaient très bien mangé avant même d’arriver en mer de Salishs pour attendre l'arrivée du poisson. Il est probable qu’elles aient fait des réserves avant d’entreprendre la migration vers leur lieu d’estivage.
Une seule solution : davantage de saumons
Les trois facteurs sont tout de même unis par un lien. Le stress occasionné par la présence des bateaux augmente en absence de nourriture, ainsi que l’effet des toxines. Stockées dans les graisses, elles restent emprisonnées tant que l’animal s'alimente correctement. Mais elles sont libérées en période de jeûne, lorsque l’orque puise dans ses réserves lipidiques.
Il semble donc que la solution soit simple, en apparence, pour diminuer l'impact des facteurs de stress incriminés et préserver cette communauté, il faut fournir suffisamment de poissons aux mammifères. Malheureusement, une nouvelle étude vient de démontrer que la libération massive de saumons d’élevage impactait considérablement l’état de santé du Pacifique. Alors, que faire... ?