emeraude GM V.I.P. du forum
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| Sujet: l'esclavage en france histoire Lun 14 Mai 2012 - 16:39 | |
| LA FRANCE NÉGRIÈRE Histoire de la traite & de l’esclavage en France AVANT LA TRAITE Officiellement, depuis le 3 juillet 1315, selon un édit du roi de France (Louis X) «le sol de France affranchit l'esclave qui le touche». Aussi, la traite, initiée par les Portugais en 1441, n'est pas pratiquée en France et il faut attendre 1594 pour voir la première expédition négrière française. Il faut dire que la colonisation française des Antilles est assez tardive ; ce n’est qu’au milieu du XVII° siècle que les îles de Martinique, Guadeloupe, Grenadines, Saint-Domingue, Saint-Martin, Saint Christophe et Saint-Barthélemy seront occupées par les Français. A cette époque, et malgré l’autorisation de déporter des esclaves dans une colonie française (1626) et l’autorisation de la traite par Louis XIII en 1642, les expéditions transatlantiques n’effectuent que le transports de marchandises et d'engagés, qui en échange de la traversée doivent travailler pendant trente-six moi LE DÉBUT DE LA TRAITE EN 1674. - Spoiler:
En 1674, influencé par Madame de Maintenon qui a vécu douze ans en Martinique, Louis XIV crée le monopole de la ferme du tabac qui entraîne une chute de son prix et incite les colons à se tourner vers la culture de la canne à sucre, importée du Brésil et beaucoup plus rentable. L’année d‘avant Louis XIV avait dissout la Compagnie des Indes de Colbert (la première compagnie coloniale française mais qui n’importait pas d’esclaves) et fondé la Compagnie du Sénégal pour fournir des esclaves à l'île de Saint-Domingue. C’est ainsi que la traite va devenir la clé de voûte du système colonial : la France qui pratiquait jusqu’ici le commerce en droiture entre France et Antilles se met au commerce triangulaire entre France, Afrique et Antilles et une main d’œuvre servile noire va remplacer les travailleurs européens engagés. Il ne restait plus qu’à réglementer l’esclavage, ce qui sera fait avec le Code noir. En mars 1685, Louis XIV promulgue le Code noir, préparé par Colbert. Cet édit est basé sur le principe que l'esclave, dépourvu d'existence juridique, est la propriété du maître. Par l’article 44 de ce code, l’esclave noir est déclaré « meuble », c'est-à-dire assimilé à un objet ou une marchandise qui peut être vendue (même aux enchères) ou transmise par héritage. Si le démarrage de la traite française fut tardif (Bordeaux en 1672, Nantes et Saint-Malo en 1688), il fut progressif. Sous la Régence, le Duc d’Orléans (par les Lettres Patentes de 1716 et 1727) permet aux principaux ports français «de faire librement le commerce des nègres». Au total, 17 ports français participèrent à plus de 3300 expéditions négrières et Nantes, avec 42% de la traite, fut le principal port négrier français, mais d'autres ports participent à l’armement de navires négriers : La Rochelle, Le Havre, Bordeaux, Saint-Malo, Lorient, Honfleur et même Marseille. LES ARMATEURS NÉGRIERS FRANÇAIS Au XVIIIe siècle, en France, l'armement négrier est concentrée entre les mains de 500 familles qui armeront, à Nantes, Bordeaux, La Rochelle, Le Havre et Saint-Malo, quelques 2800 navires pour l'Afrique (une vingtaine seulement de ces familles auraient armé le quart des navires). Cette aristocratie négrière occupe les places les plus importante dans les sociétés portuaires, et, formant des lobby, ces notables infiltrent aussi les sphères du pouvoir où leur influence leur ouvre les portes. Sous la Restauration, la plupart des maires de ces villes portuaires sont des négriers notoires (entre 1815 et 1830 presque tous les maires de Nantes seront des négriers). Mais à cause du caractère risqué, financièrement, du trafic négrier, les armateurs français ne se livraient pas uniquement à la traite et avaient d'autres activités (assurance, pêche, négoce), certes moins spéculatives. LE XVIII° SIÈCLE : L’APOGÉE DE LA TRAITE EN FRANCE - Spoiler:
Car les profits sont énormes. Les navires négriers français se rendent d'abord en Afrique pour y charger leur cargaison de « bois d'ébène », nom inspiré par la couleur des esclaves d'Afrique, qu'ils échangent contre la cargaison de traite : un ensemble de marchandise servant à acheter les esclaves (alcool et tabac, poudre et armes à feu, camelote et pacotilles, étoffes et habits). Sur place, pour entasser le plus grand nombre d'esclaves dans la cale, il faut construire un entrepont qui servait de « parcs à esclaves », rajouter des gaillards, et, pour augmenter la surface disponible, installer des plates formes (faux pont) sur les côtés. Les navires font ensuite route vers les Antilles pour y revendre leur marchandise humaine. Au retour, le commerce avec les Antilles permet de réexporter les marchandises issues des îles (sucre, café, cacao, tabac) et d’alimenter l’Europe via ses grands ports (Amsterdam, Rotterdam Hambourg, Londres). Au XVIIIe siècle, le commerce français est florissant grâce à l’essor de ses colonies et de la traite. On estime qu’entre 1676 et 1800 la France aurait déporté aux seules Antilles un million d’esclaves.
L’ABROGATION DE L’ESCLAVAGE : UN PAS EN AVANT, UN PAS EN ARRIÈRE - Spoiler:
Dans l'Europe des Lumières, l'esclavage et la traite sont de plus en plus critiqués par les philosophes, comme Montesquieu, dans De l'esprit des lois (1748) qui se fait sarcastique vis-à-vis de « ceux qui se disent chrétiens et qui pratiquent l’esclavage » ou encore Voltaire dans Candide (1759) qui dénonce les conditions de vie des esclaves et les mutilations barbares. Mais d’autres encyclopédistes investiront leur fortune dans le commerce triangulaire. En 1788 se crée à Paris la Société des Amis des Noirs et il faut rendre hommage à l’abbé Grégoire qui, sous la Révolution, viendra la rejoindre et publiera sa « Lettre aux philanthropes » en 1790. L’objectif de la Société des Amis des Noirs est l'abolition de la traite et de l'esclavage et ses arguments visent à démontrer l'absence de rentabilité de l'économie de l'esclavage. L'esclavage sera aboli par la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, mais sans conséquences aux Antilles. Malgré l’abbé Grégoire qui ne ménage personne (« Parce qu'il vous faut du sucre, du café, du taffia (rhum), indignes mortels, mangez plutôt de l'herbe et soyez justes»), en 1791 l'Assemblée constituante confirme l'esclavage dans les colonies et en 1793 la Convention refuse d'abolir l'esclavage. Mais l’action de la Société des Amis des Noirs permettra à la Convention d’abolir l'esclavage dans les colonies le 4 février 1794. En réalité la Convention décrète que l'abolition de l'esclavage sera limitée à la Guadeloupe et ne concernera ni l'île de la Réunion ni l'île Maurice, peu peuplées (ni la Martinique puisqu’ occupée par les Britanniques). En mars 1802 l’Angleterre rend à la France la Martinique et Sainte-Lucie qui n’ont pas bénéficié de la loi sur l'abolition de l’esclavage. Napoléon, qui n’est encore que Bonaparte, poussé par son épouse Joséphine, d'origine martiniquaise et dont la famille et les amis avaient de nombreux intérêts en Martinique, rétablit l'esclavage et la traite en mai 1802 « conformément aux lois et règlements en vigueur avant 1789 » et envoie des forces expéditionnaires à Saint-Domingue et en Guadeloupe pour mater les rebellions. Avec beaucoup de brutalité l’ordre est rétabli, ainsi que l'esclavage et l'ancien Code noir de Louis XIV. Mais les révoltés de Saint-Domingue sont victorieux et proclament l’indépendance, en janvier 1804, de la première République noire qui prend le nom d’Haïti. Lorsque Bonaparte rétablit l'esclavage, le commerce négrier bordelais est à son apogée et dépasse même celui de Nantes. En mars 1815, lors des Cent jours après son retour de l'île d’Elbe, Napoléon aligne la France sur la décision du Congrès de Vienne en décrétant l'abolition de la traite négrière. Pourtant, en juin 1820, Joseph-Elzéar Morenas remet à la Chambre des députés une pétition contre la traite des noirs qui se fait encore au Sénégal et en 1822 l'abbé Grégoire publie Des peines infamantes à infliger aux négriers. Mais jusqu’à la fin de la Restauration, les nouvelles dispositions ne seront pas appliquées, jusqu’à ce que les Journées révolutionnaires (22 au 24 février 1848) aboutissent à l’abdication du roi Louis-Philippe et à la formation du Gouvernement provisoire de la République qui proclame le principe selon lequel « Nulle terre française ne peut plus porter d'esclaves » et nomme (mars 1848) Victor Schœlcher « sous-secrétaire d'État chargé spécialement des colonies et des mesures relatives à l'abolition de l'esclavage » (celui-ci, lors d’un séjour au Sénégal visitera les lieux de la traite sur l’île de Gorée). Finalement, le 27 avril 1848, un décret du Gouvernement provisoire abolit l'esclavage dans toutes les colonies françaises (en Martinique le 23 mai, en Guadeloupe le 27 mai, en Guyane le 10 août et à la Réunion le 20 décembre). L'abolition de l'esclavage sera inscrite dans la Constitution (art. 6) le 4 novembre 1848 et en 1849 le dernier navire français participe à une expédition négrière. Un commerce négrier, illégal, continue quelque temps mais il se transforme en commerce d'engagés, indiens ou chinois (les coolies). Pour finir, le 10 mai 2001, le Sénat adopte la loi reconnaissant la traite et l’esclavage comme crime contre l’humanité et, le 30 janvier 2006, la date du 10 mai est retenue pour la commémoration en France métropolitaine de l’abolition de l’esclavage
COLONIES D’AMÉRIQUES : VENTE ET EMPLOI DES ESCLAVES LA VENTE AUX COLONS DES AMÉRIQUES Arrivés à destination, pour éviter les épidémies de maladies ramenées d’Afrique, les navires étaient mis en quarantaine et les esclaves examinés par un médecin avant de débarquer. Le chirurgien du bord en profitait pour augmenter leur valeur marchande et les rendre plus présentables en masquant lésions et blessures, coupant les cheveux (et les tintant si grisonnants) et huilant les corps. Ils étaient ensuite mis en vente sur les marchés aux esclaves. Les acheteurs étaient les planteurs des colonies, préalablement prévenus (certains avaient même déjà passé commande depuis longtemps) et la vente se faisait par lots et aux enchères, parfois sur le navire. QUELQUES CHIFFRES, APPROXIMATIFS (CAR ARRONDIS), MAIS ÉLOQUENTS. Les régions d'arrivée. Sur les 11 millions d’esclaves déportés dans les colonies du Nouveau monde, 5 millions le furent au Brésil, un peu plus de 2 millions dans les Antilles Britanniques, 1 million dans les Antilles Françaises, 800.000 dans les Antilles Espagnoles, 400.000 en Guyane et le reste en Amérique du Nord (à égalité entre Britanniques et Espagnols). Les pays négriers. Tous les grands pays européens ont pratiqué le commerce triangulaire et participé à la traite ; parmi eux, c’est le Portugal qui a déporté le plus grand nombre d’esclaves : 5 millions, soit presque la moitié du chiffre total, puis vient l’Angleterre avec 3 millions (28%), la France avec 1.5 million (13%), les Pays-Bas et l’Espagne avec 500.000 chacun (5% chacun), les Etats-Unis (2.5%) et le Danemark (1%). La mortalité dans les plantations. La surmortalité chez les nouveaux arrivés, la surmortalité infantile, les maladies et les mauvaises conditions d’hygiène de l’époque entraînaient un taux de mortalité de l’ordre de 50 pour mille. En effet, en plus de la mortalité élevée due aux difficultés d’adaptation et aux conditions de travail usantes dans les plantations, de nombreuses maladies emportaient les esclaves : scorbut, tuberculose, dysenterie, variole, lèpre, trypanosomiase africaine (maladie du sommeil ramenée d’Afrique A la conquête des Indes Occidentales. - Spoiler:
C’est Christophe Colomb qui va l’introduire sur l'île d'Hispaniola (actuelles Haïti et Saint Domingue), lors de son second voyage en 1493, où, grâce au climat, sa culture va rapidement prospérer mais nécessite toujours une main d’œuvre abondante qui va alimenter la traite des noirs en provenance d’Afrique. Si la première cargaison de sucre quitte Hispaniola à destination de l'Espagne en 1516, la révolution sucrière commence véritablement au Brésil dans les années 1600, puis elle se propage dans les Caraïbes et l’Amérique centrale, où elle est introduite par les exilés hollandais chassés du Brésil par les Portugais, et enfin dans les Antilles à partir de 1764 grâce aux Anglais et au Français. Il s'agissait de grandes plantations qui cultivaient uniquement la canne à sucre pour l'exporter. Les colonies qui importèrent le plus d'esclaves furent le Brésil, puis les Antilles, mais l'arrivée en masse de ces nouveaux esclaves provoque la baisse de leur prix d'achat par les planteurs de canne à sucre ; en revanche elle favorise la production et fait baisser le prix du sucre sur le marché mondial permettant de le faire découvrir au plus grand nombre. En retour, cette stimulation de la demande se traduit par un immense développement de l'économie sucrière et du trafic d'esclaves. C'est bien à cause de cette révolution sucrière et des profits qu’elle génère que la traite a connu une telle ampleur.
Une dénonciation morale par les philosophes. D’ailleurs, dans l'Europe des Lumières, l'esclavage et la traite sont de plus en plus critiqués. Montesquieu, dans De l'esprit des lois (1748), fait dire avec sarcasme à « ceux qui se disent chrétiens et qui pratiquent l’esclavage… …Le sucre serait trop cher, si l'on ne faisait cultiver la plante par des esclaves ». Voltaire dans Candide (1759) dénonce les conditions de vie des esclaves et les mutilations barbares : « Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe ». Hélas, plusieurs encyclopédistes investiront leur fortune dans le commerce triangulaire. Le Taffia des Caraïbes et des Antilles. Un autre débouché de la canne à sucre sera le rhum, obtenu par distillation de la mélasse de canne à sucre. Sa découverte (1694), liée à l’invention de l’alambic, serait due au père Labat, un missionnaire français des Antilles cherchant un remède contre la fièvre, mais des rhumeries auraient existées sur l’île de la Barbade bien avant. De nombreuses sucreries vont s’adjoindre une distillerie de rhum dont les prétendues vertus médicinales en feront un élément essentiel à bord des navires négriers, qui avaient tous leur tonneau de rhum pour le distribuer aux noirs, qui l’appelaient « taffia », et aux marins. Mais afin de réduire la consommation de rhum à bord, et les problèmes liés à l'alcool, l'amiral anglais Edward Vernon, en 1740, eut l'idée d'ajouter de l'eau chaude au rhum : le « grog » était né. Le rhum sera aussi utilisé sur les côtes d'Afrique comme monnaie d'échange dans la traite des esclaves et se répandra en Europe à la fin du XVIIIe siècle, en tant que boisson.
abolition En France, la première abolition est arrachée par les esclaves eux-mêmes. En août 1791, une insurrection d’esclaves éclate à Saint Domingue. Suite à cette insurrection, le 29 aout 1793, la France abolit l’esclavage à Saint-Domingue. Le 4 février 1794, l’abolition est étendue aux autres colonies françaises, Guadeloupe et Guyane. L’esclavage en Martinique n’est pas aboli car elle est occupée par les Britanniques. L’abolition n’a eu aucun effet à l’île Bourbon, l'actuelle île de la Réunion, à cause de l’opposition des planteurs. Le 20 mai 1802, le Premier Consul Napoléon, sous la pression des lobbies sucriers, rétablit l’esclavage. Les abolitionnistes restent silencieux, sauf l’Abbé Grégoire. Une révolte d’esclaves à nouveau à Saint Domingue et en Guadeloupe. Saint Domingue gagne alors son Indépendance le 1er janvier 1804, sous le nom d’Haïti. Le Comité pour l’abolition de la traite et de l’esclavage au sein de la Société de la morale chrétienne est créé en 1822. En 1834, le Martiniquais Cyrille Bissette, descendant d’esclave, demande l’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises. De 1840 à 1841, Victor Schœlcher voyage dans les Caraïbes et découvre l’esclavage. Il rencontre deux obstacles à l’abolition : l’alternative entre une abolition immédiate ou progressive et le problème de l’indemnisation à verser aux planteurs. En 1848, Victor Schœlcher, nommé sous-secrétaire d’État à la marine et aux colonies lors du Gouvernement provisoire de la IIème République, |
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